Histoire de lÕancien couvent des ursulines de Grenade sur Garonne
Copyright Claude Rgnier
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prliminaire - 18 Septembre 2006
La compagnie de Sainte Ursule a t fonde Brescia, en Italie par Angle Mrici, le 25 novembre 1535. Le Pape Paul III promulgua la bulle dÕapprobation le 9 juin 1544. LÕexpansion de la nouvelle compagnie fut rapide en Italie puis atteignit la France vers 1592 Lisle sur Sorgue et Avignon.
Vivant tout dÕabord dans leurs familles respectives, les Ursulines vont trs vite former des congrgations. 70 fondations de maisons de ce type vont se succder jusquÕen 1633. La congrgation des Ursulines de Paris, obtient une bulle de transformation en monastre en 1612 avec lÕappui de Madame Acarie et de Madame de Sainte Beuve. Les autres maisons dÕUrsulines vont rapidement suivre cette volution. Ainsi se constituent 8 congrgations de lÕordre de Sainte Ursule cÕest dire 8 groupements de monastres ayant entre eux le mme esprit tout en restant autonomes.
Ces monastres sont rgis par des constitutions et des rglements drivs de ceux dicts par Angle Mrici et revus par Charles Borrome. On dnombrait environ 350 fondations de monastres dÕUrsuline en France avant la Rvolution de 1789. LÕesprit de tous ces monastres comprend une vie de prire intense, un grand zle apostolique auprs des enfants et des adultes, un ardent esprit de foi, une pnitence austre, une pauvret extrme vcue dans la confiance en la Providence. Parmi les premires Ursulines de France, plusieurs fortes personnalits marquantes :
į Franoise de Bermond en Provence,
į Franoise de Cazres Bordeaux,
į Franoise de Xainctonge Dijon,
į Antoinette Micolon en Auvergne,
į Marguerite Vigier Toulouse.
La bulle de fondation est accorde au monastre de Toulouse en 1614. La congrgation donne une place importante la rgle de Saint Augustin et les religieuses prennent le nom dÕAugustines-Ursulines.
Marguerite Vigier, fondatrice et suprieure du monastre de Toulouse tait la sĻur du Pre Antoine Vigier qui avec les pres Csar de Bus et Jean-Baptiste Romillon fondrent la Compagnie des "Doctrinaires" et inspireront profondment, Paris, les Oratoriens. Marguerite Vigier sÕinstalla Toulouse le 14 octobre 1604, bientt aide par sa sĻur Catherine, elle aussi Ursuline.
Avant la fondation de Grenade, une anecdote significative doit tre mentionne. En 1608, Franoise de Cazres (suprieure de Bordeaux) se rendit Toulouse pour y confrer avec la mre Vigier. Elle y resta 8 mois. A son retour, elle sÕarrta dans une petite ville des environs de Toulouse, nomme Grenade. Elle y logea chez M. de Berty qui tait lieutenant gnral du lieu. Ce haut personnage tait le propre frre de ce feuillant, dom Jean-Jacques qui avait t le directeur et le confesseur de Franoise Cazres et lui avait donn le voile. Il avait une fille alors ge de 10 ans. Cette enfant sÕattacha si fort la digne mre quÕil fut impossible de lÕempcher de la suivre et il fallut que le pre et la mre y condescendent. Ds quÕelle fut Bordeaux, cette jeune postulante se soumit toute rgularit comme une fille de 15 ans et particulirement lÕoraison du matin, prenant grand soin dÕtre veille pour prvenir le son de la cloche. Ds 12 ans, elle prit lÕhabit religieux. Marguerite de Berty fondera les monastres de Saumur, Nantes, Chartres, Vendme, Nogent le Rotrou.
Selon les Archives de la ville de Grenade, lÕtablissement date du 28 juin 1624 : "Jean Dpuntis, marchand de Grenade a donn une maison avec les jardins y contigus" aux Dames Religieuses de Sainte Ursule. Elles veulent fonder un couvent de leur ordre dans cette maison jadis appartenant Jean Joannon "conseiller esleu au pays de Verdun". La ville retirera de cet tablissement beaucoup de profit puisque les habitants qui ont des filles pourront les faire "instruire et eslever la vertu, avec grandissime commodit par les religieuses". Dans ce but, on dcide quÕelles seront exemptes des tailles de leur maison et quÕon leur donnera une fois payes la somme de 300 livres.
Selon M. Magy, abb de Saint Orens, les Ursulines obtinrent de Louis XIII en 1611 des lettres patentes pour sÕtablir Toulouse. Une fois assises l, cette congrgation jeta les yeux sur Grenade et la dame Marguerite de Vig sÕy rendit le 9 janvier 1624, pour accepter de Jean Dpuntis, marchand une maison avec grange et jardin dans la rue du Noyer. Le marchand croyait doublement bien faire en favorisant une corporation profitable au corps et lÕme suivant les lettres patentes du Roi. Quatre religieuses suivies de deux novices furent nommes par le vicaire gnral de l'archevque (6 dcembre 1626) pour "satisfaire au dsir des habitants de Grenade" assure lÕordonnance dudit vicaire signe Louis de Claret. Les Demoiselles qualifies de Dames se rendirent leur destination ds le 3e jour et se logrent chez Dpuntis en attendant. La ville ne tarda pas leur cder un grand espace pour y btir. Elles furent bientt plus de soixante sans compter les lves du pensionnat. (En 1790, les cellules taient occupes par 41 de ces dames. 8 chambres pour les pensionnaires renfermaient 22 lits). Leurs ressources grandirent vite aussi. En 1645, elles possdaient le bien de Castelnau ; En 1647, le domaine dÕEmbcade leur fut donn par Delphine, veuve Dubarry.
En ralit, la fondation du couvent de Grenade fut trs particulire et celle-ci mrite dÕtre rapporte en raison de son originalit.
M. Dpuntis, gentilhomme du Languedoc, pourvu dÕune belle fortune part pour Paris et tombe dans un guet-apens. Il prend conscience que sa vie est en danger. Que faire ? Un vĻu Dieu : "Si vous me tirez de ce mauvais pas, Seigneur, je serai Capucin". Il chappe mais arriv chez soi, il ne peut se rsoudre accomplir son vĻu, empch par une trs forte attache quÕil avait pour une demoiselle de Grenade appele,Fleurette de Cassassus, lve aux Ursulines de Toulouse. Bien loin de penser au Clotre, il envoie Rome pour obtenir la dispense de son vĻu laquelle lui est accorde. Mais Dieu qui ne lÕapprouvait pas, permet quÕil tombe une 2me fois dans le mme danger dÕtre assassin. Il reconnat sa faute et pour sauver sa vie, se sert du mme remde et ritre son vĻu de se faire Capucin. Il chappe nouveau. Mais la passion quÕil avait pour la demoiselle lui donnait un trs grand chagrin en pensant quÕun autre lÕaurait pour pouse. Il dsirait avec la mme passion quÕelle se fit religieuse et la fait sonder l-dessus, Fleurette se sent touche et inspire de se faire de cette religion. Il en est ravi dÕaise et promet une fondation Grenade en faveur de Fleurette. La Rvrende Mre Prieure de Toulouse accepte cette proposition. En accord avec sa famille Fleurette prend lÕhabit le 5 octobre 1626.
La mme anne, la mre de Barthlemy de Gramond dite de Sainte Croix alors Prieure, alla avec la mre de Roquelaure de Saint Augustin quÕelle prit pour lÕaccompagner, Grenade, o elle mena quatre Religieuses Professes qui taient la mre Miramonde Daynier dite "de Sainte Eufrasie", laquelle fut nomme prieure, la mre Jeanne de Barts dite "Sainte Marthe" de Barts qui fut faite sous-prieure, SĻur Marguerite de Castel Jaloux dite "de Jsus" et SĻur Marie de Barrau dite "de Sainte Estienne", toutes quatre sĻurs de chĻur. Avec elles allrent deux novices qui furent la sĻur Fleurette de Sainte Ursule ainsi nomme en religion, pour lÕamour de laquelle cette fondation se faisait et la sĻur Jeanne de Bous dite de Saint Franois. Toutes partirent de Toulouse au mois de dcembre 1626 et arrivrent Grenade le 26 dudit mois de la mme anne. Elles furent reues avec joie par les habitants et particulirement M. Despuntis qui alla au devant leur porter les clefs de sa maison, les y conduisit et les mit en possession dÕicelle en la leur donnant avec elle, deux mtairies. La sĻur Fleurette ayant fait sa profession avec la sĻur de Saint Franois, le Sieur Despuntis excuta son vĻu, prit lÕhabit de Capucin et mourut Capucin. Voil les inventions de Dieu pour faire cet tablissement mais voici ce que le dmon a fait pour le ruiner.
Il travaille renverser la donation et se sert des parents du donateur pour la faire annuler. SÕil ne put pas faire perdre la maison du moins il pratiquera la perte des mtairies en faisant intenter procs contre les Religieuses qui furent contraintes de leur cder. Par l elles ont t rduites une trs grande pauvret et disette extrme de toutes choses ncessaires. Mais ce couvent sÕest si solidement maintenu dans le premier zle et esprit de religion que les premires fondatrices y ont port, quÕil nÕest point de maisons dÕAugustines-Ursulines o les Lois et Rgles de lÕordre se gardent avec plus dÕexactitude et de rgularit, avec un esprit dÕamour, de paix et de charit toujours croissant avec un esprit de pauvret si dsintress quÕelles ont refus plus de neuf personnes qui avaient de grands biens et pouvaient donner beaucoup au Couvent pour le mettre en bon tat. Le mortuaire de toutes les sĻurs dfuntes jusquÕici porte quÕelles ont vcu dans une parfaite exactitude et obissance. CÕest ce quÕa dclar une des anciennes de cette Maison en ces termes : "Dans 26 annes de temps quÕil y a que jÕay lÕhonneur dÕestre dans cette Maison, je puis dire foy de Religieuse y avoir vu toujours une trs exacte et fervente observance Religieuse, dans une trs sincre et vidente charit, sans que jamais jÕy aye remarqu la moindre diminution en lÕune, ni la moindre relche en lÕautre, ainsi au contraire augmentation en tout". Une autre religieuse crit une mre de Toulouse "lÕtat de cette fondation demande un volume entier et je croy que de toutes celles qui sont sorties de la vostre, celle-ci est bien vue de celles, o il y a eu de choses plus extraordinaires et o la Providence Divine a fait des miracles continuels en temps de peste, famine, guerre, hostilits, maladies continuelles, ennemis, procs et une extrme pauvret durant beaucoup dÕannes". (R.P. Parayre, Toulouse, 1681)
Leur vocation a t exprime par la mre de Sainte Martin, Prieure de Metz, dcde en 1681 : "ętre humble dans lÕhonneur, commander sans empire. ętre gale en tout temps ; beaucoup faire et peu dire, corriger les dfauts, reprendre sans aigreur, la prudence la bouche et lÕamour dans le cĻur, des intrts de Dieu se faire la victime, avec lui contracter une union intime, se dfier de soi, observer le vrai bien. Prendre avis des prudents sans sÕattacher rien. Infatigable en tout, joyeuse dans les peines, et prendre son repos dans les croix, les ghennes".
Les novices doivent effectuer 2 ans de probation (pas de vĻux avant lÕge de 16 ans). Les sĻurs sont de jeunes religieuses de moins de 25 ans dÕge ou de moins de 10 ans de profession. Les mres de la congrgation de Toulouse sont habilles de blanc, ont un scapulaire noir et un manteau noir dans le chĻur. A la tte du couvent, une prieure lue par la moiti des voix plus une, au moins. Elle choisit sa sous-prieure, son conome, la portire et la prfte des classes. Leur horaire journalier est strict, rythm par la prire. Elles prononcent les vĻux monastiques de chastet, de pauvret et dÕobissance. Il sÕy ajoute une mention particulire (parfois transforme en vĻu) pour lÕducation des jeunes filles. LÕhabit dans la congrgation de Toulouse, est simple : "Une simple robe noire, un petit collet sans manchette, un voile de crpe sur la coiffure de nuit et un autre dÕtamine en forme dÕcharpe pour lÕabattre sur le visage en parlant aux sculiers. Une large ceinture de cuir". Aprs la dcision de clture, il y avait une sparation stricte entre les locaux des Religieuses et ceux des pensionnaires.
Les bulles du Saint Sige prescrivent aprs 1612 une soumission sans condition aux vques. Ceux-ci effectuent des visites canoniques dans les monastres. Ils dlguent les visiteurs, nomment les suprieurs et choisissent les confesseurs. Il faut insister sur lÕinfluence des Oratoriens et des Jsuites (rponse du Pre Lancelot Marin Mme de Sainte Beuve : "ce que les Jsuites font pour lÕducation des garons, il serait dsirer que des religieuses le fissent pour lÕducation des filles". Cette rponse correspond la fondation de Paris. Au dbut les Ursulines ont servi dans les Hpitaux, se sont entretenues avec les prisonniers et ont distribu aux pauvres des aumnes quÕelles sont parfois obliges de solliciter elles mme. Pour les aider dans leurs Ļuvres les Ursulines ont institu "les Dames de la Misricorde", confrrie toute donne aux tches dÕassistance".
Paul V a dict le programme pour les Ursulines : Elles sont obliges de sÕemployer gratuitement lÕinstruction des petites filles. Premirement : En leur enseignant avec la pit et la vertu ce qui est digne dÕune vierge chrtienne, savoir : lÕabrg de la doctrine chrtienne, la manire dÕexaminer sa conscience, de confesser ses pchs, de communier, dÕour la sainte messe, de prier Dieu, de rciter le rosaire, de mditer et de lire des livres spirituels, de chanter des cantiques, de fuir les vices et ses occasions, dÕexercer les Ļuvres de misricorde, de gouverner une maison et finalement de faire toutes les actions dÕune bonne chrtienne. Secondement : Pour les porter avec plus dÕardeur cette institution et les retirer des coles hrtiques, quÕelles leur apprennent lire, crire, travailler lÕaiguille en diverses faons ; enfin toutes sortes de travaux dcents et convenables une jeune fille bien leve.
LÕenseignement est centr sur la pit avec les quatre parties de la Doctrine chrtienne :
į La foi dont lÕobjet est rsum dans le symbole des Aptres,
į LÕesprance dveloppe par les demandes du Pater,
į La Charit "amour de Dieu tmoign par lÕobservance des Commandements",
į Les Sacrements, moyen de Salut.
Les pensionnaires taient des jeunes filles riches mais lÕon introduisit trs vite des petites filles externes, pauvres, dans le monastre, pour y tre gratuitement instruites. "Les Religieuses avaient pour elles une tendresse et un attrait encore plus grand que pour les pensionnaires". La journe dÕune lve se rsume ainsi : lever 5h30-6h en hiver sauf pour les petites qui ne se lvent que de faon tre "peignes et habilles" et d'avoir dit leurs prires avant la messe. Le Saint sacrifice auquel elles assistent tous les jours est clbr 7h30 en t, 8h en hiver. Il est suivi du djeuner. Le travail scolaire ne peut commencer avant 8h30 en t, 9h en hiver. A 10h, interruption pour la rcitation des Litanies de la Sainte Vierge qui prcde immdiatement le repas principal au cours duquel on fait une lecture pieuse. Rcration d'une heure. Reprise du travail jusqu' 3h (donc sances de travail de 2 2h30). Got 3h puis rcitation des vpres. A 4h15 on dit Matines et Laudes dans les classes (ce qui doit prendre environ une demi-heure). Puis une heure de catchisme jusqu' 5h45 qui est l'heure du souper. Une rcration accompagne obligatoirement les deux repas principaux. La rcration du soir finit 7h15. L'examen de conscience, les Litanies de Notre Dame, dites une 2me fois, le coucher, tout cela prend environ 1h. Les enfants sont au lit 8h15. Donc : 10 heures de sommeil. 1h lever et coucher. 3 4 h, repas et rcrations, 3-4h travail d'cole. 6h de messe, prire, instruction religieuse et examen de conscience.
En lÕabsence de plans dtaills il est impossible de prciser la topographie exacte et la destination des diffrentes parties du couvent des Ursulines de Grenade. On peut cependant prciser sur des relevs cadastraux et sur lÕinventaire dress en 1792 les points suivants :
į Le terrain occup tait vaste : bord lÕOuest par la rue Roquemaurel (ancienne rue du Noyer ou des Nouquiers), lÕEst par le quai de Garonne (ancienne Escoussire), au Nord par les alles Sbastopol (anciens remparts de la Porte Verdun) et au Sud par la rue Cazales (ancienne traversire). Terrain valu 1 arpent, 2 cazals, 4 places, 10 escats.
į La faade, rue des Nouquiers, comportait, ct Sud 2 grands btiments 2 tages spars par un vaste porche central, surmont dÕun tage avec une croix dans sa faade, formant lÕentre principale, suivait vers le ct Nord, un btiment plus petit et moins lev puis un btiment important dans sa longueur dvolu, sans doute, aux communs, avec une grande entre en porche.
į Les deux btiments principaux se prolongeaient dans le sens Ouest-Est par deux ailes importantes dont lÕune existe encore, en partie. On peut sÕen faire une ide grce deux reproduction photographiques du dbut du sicle : lÕune reproduit le porche central (aujourdÕhui restaur), et le btiment le plus au sud, malheureusement dtruit en 1939. On y constate la prsence dÕune porte dÕentre plus petite, surmonte dÕune niche pour une statue. LÕautre, prise du clocher de lÕglise, montre lÕensemble des btiments, malheureusement de trop loin pour que lÕagrandissement puisse permettre une valuation exacte de lÕensemble.
į LÕinventaire de 1792 fait tat sur ce terrain du monastre avec une chapelle, de l'glise de Sainte Ursule avec une sacristie, du cimetire, du jardin et dÕun pigeonnier, ainsi que dÕune maison avec cour, pour lÕaumnier, de lÕautre ct de la rue.
į Le monastre comportait des cellules pour les religieuses sobrement meubles, un quartier spar pour les pensionnaires, le ncessaire pour fabriquer le pain avec un boulanger attitr. Le personnel incluait en outre, un rgisseur et un jardinier.
į 5 janvier 1627 : on accorde 100 cus aux Dames Religieuses. Cette somme sera cotise au mme titre que celles prcites* qui ne seront en aucun cas distraites de leur destination particulire. (* dans la mme sance cotisation dÕune somme de 1200 livres emprunts Mlle Despic par les consuls de 1624. Les Consuls dresseront lÕtat des sommes et intrts cotiser dans lÕanne courante. Ils le publieront au Conseil de 32 bourgeois et autres habitants des plus qualifis qui lÕapprouveront avant de demander lÕautorisation de la cours des Aides de Montpellier.
į 1er avril 1629 : vote de 300 livres pour les Dames Religieuses.
į 7 mars 1638 : le 1er consul est envoy Montauban o il ira saluer le sieur de Soul ; il le suppliera dÕexpliquer si par les arrts communiqus, le Roi entend que les Dames Religieuses et les Prtres de la ville soient dchargs des impositions de la taille leve sur leurs biens ruraux pour lÕimposition des gens de guerre. (Le sieur de Soul est Premier Prsident Toulouse)
į 24 aot 1638 : les Dames Religieuses proposent de dlaisser la mtairie de lÕadvocat dont le sieur Jansion ne veut point se charger si on ne le tient pas quitte des tailles pendant quelques annes.
į 18 septembre 1639 : on poursuit lÕinstance contre les Religieuses qui ne veulent pas payer la taille des biens quÕelles possdent dans la juridiction.
į 2 juin 1639 : les Religieuses sont dcharges de toutes tailles imposes sur leurs biens mais les Consuls nÕacceptent pas cette dcision quÕils poursuivent en cassation.
į 16 septembre 1639 : on poursuit lÕinstance contre les Religieuses qui ne veulent pas payer la taille des biens quÕelles possdent dans la juridiction.
į 5 fvrier 1640 : les Consuls sont autoriss vendre aux Religieuses la partie du btiment o les bouchers corchent leurs bestiaux avec la rue au passage qui servira clturer leur couvent. La somme en provenant sera employe lÕachat dÕune grange affecte au mme usage et dÕune maison pour loger le fermier du Port Bas.
į 10 juin 1646 : les Religieuses de la ville demandent quÕon leur donne le bout de la rue joignant leur enclos. Son altesse, le Prince de Conti, crit de leur accorder en tant que la ville nÕen sera pas incommode.
į 15 mars 1649 : dmolition des ruines vers la Care et rparation du couvent des murailles qui restent jusquÕ la Porte de Verdun. On fait fermer le trou de la muraille du ct de la Garonne, lÕendroit du couvent des Religieuses.
į 21 mai 1651 : les Dames Religieuses prtendent tre exemptes du paiement des deniers municipaux. Le sieur Robert nÕen sera pas non plus dcharg.
į 18 mars 1657 : les Religieuses demandent lÕennoblissement de lÕenceinte de leur monastre dont elles veulent jouir noblement comme des autres proprits, depuis leur tablissement en ville, condition cependant quÕelles contribueront aux changes ordinaires et extraordinaires pour leurs autres biens ruraux.
į 30 mars 1658 : rparation de la muraille qui est derrire le couvent des Religieuses ; il y a urgence car elle est tombe en entier.
į 13 janvier 1669 : suivant lÕarticle 20 du rglement tous les biens possds par les ordres ecclsiastiques et par les couvents sauf les enceintes des glises doivent contribuer aux paiements des charges. Diverses plaintes des habitants montrent les dames religieuses possdant beaucoup de biens et ne payant pas leur part de tailles. On les y obligera par tous les moyens lgaux.
į 3 fvrier 1669 : Plaintes contre les religieuses qui possdent en ville un vaste enclos dont elles ne payent pas dÕimpts. Elles pourront faire valoir leur titre mais le rglement gnral donn au Conseil leur sera appliqu.
į 9 fvrier 1681 : Arrt du Conseil d'tat relatif la rpartition des dettes de la communautÉ Les cranciers, M. de Tournier, conseiller au Parlement, Dames Religieuses de Sainte Ursule, les sieurs Vidal et Romieu sont mis en demeure de faire remise dÕune partie de leur crance.
į 10 mars 1697 : lÕintendant prsente une demande au Roi, aux habitants de Grenade pour la prise dÕarmoiries. Les Ursulines prennent le blason suivant : "DÕazur une mer dÕargent et un vaisseau de gueules voguant dessus".
į 28 mars 1700 : on ferme les trous des murs qui touchent au couvent des Religieuses.
į 24 juin 1703 : un anonyme rend 100 livres qui appartiennent la communaut et que lÕon emploie aux rparations de lÕgout de la muraille du ct des Religieuses et de la Porte de Verdun.
į 27 mai 1714 : rparation faire la muraille et lÕaqueduc qui est la rue des Religieuses.
į 19 avril 1727 : arrt du conseil dÕtat : nomination des commissaires pour examiner la situation des communauts religieuses qui doivent toutes fournir une dclaration complte (autorisation - nombre de participant Š revenus - dpenseÉ et apprciation de lÕvque et de lÕIntendant). Les 70 religieuses de Toulouse ont grand besoin de secours tandis que celles de Grenade ont fait une valuation arbitraire : elles sont sans dette et lÕaise.
į Vers 1750, lÕarchevque de Toulouse fait remarquer propos de Grenade : "Elles ont dans leur maison des filles de nouveaux convertis, dont plusieurs ont t envoyes par le Roi" (voir additif, Mlle Raspide)
į 30 mai 1770 : ordre de fermer toutes les brches de lÕenclos des Religieuses.
į 24 novembre 1781 : A la suite de la demande de batification dÕAngle Mrici de nombreuses enqutes sont faites pour prciser son rle dans la fondation de lÕordre des Ursulines. Clment XIII accorde la clbration dÕune fte en son honneur, le 10 juillet. Plusieurs monastres composent prires, hymnes et cantiques, pour cet office. La mre Anne Sauvaige de Sainte Madeleine dÕAuch crit "si vous tes de notre congrgation sans doute demanderez vous lÕoffice de la bien heureuse Angle É" Auparavant Grenade pour une raison toute pratique avait dj lanc un appel "Nous sommes la veille de changer de brviaire. Je ne sais si ce nouvel office pourra vous servir". "Des monastres, asiles sacrs rservs la louange de Dieu, les Rois ont fait des geles, des prisons mme, pour filles insoumises, pour femmes coquettes et dpensires". En voici un exemple : Jeanne Marie de Rieu, pouse en 1710 un conseiller au Parlement de Toulouse Matre Doujat. En 1711, un fils, Franois Joseph, nat de cette union. La coquetterie et le got du luxe de Madame Doujat entranent des difficults financires et une sparation entre les poux. En mai 1725 un contrat sous seing priv est conclu entre eux. Le conseiller paye les dettes de sa femme : 2000 livres, lui fait une pension de 300 livres et garde son fils. LÕanne suivante il se plaint de la conduite scandaleuse de sa femme et sollicite du Roi une lettre de cachet. Le conseiller "qui ne veut pas tre cruel mais tranquille" propose le couvent de Villefranche de Rouergue. La suprieure des Ursulines est une sĻur ane de son pouse et elle adoucit beaucoup sa rclusion. Mais Madame Doujat sÕen vade en septembre 1729 et vient frapper la porte de son mari. Ce dernier refuse de la recevoir. Une deuxime lettre de cachet lÕadresse au Monastre de Saint Gaudens mais lÕvque de Comminges est peu sr des tourires de cette communaut des Filles de Notre Dame. troisime lettre de cachet et en fvrier 1730 Madame Doujat est place chez les Ursulines de Grenade o elle entre le 30 mai lÕme aigu et rvolte contre une claustration que le dvouement et lÕaffection fraternel nÕadouciront plus. Elle se convertit pourtant avant de mourir Toulouse le 7 dcembre 1738 aprs avoir charg sa lgataire de remettre 2000 livres et quelques prsents Catherine Moumeja, sa camriste, et son accompagnatrice, dans ses diffrentes retraites.
į 22 novembre 1789 : En prvision de la suppression des Maisons religieuses dont les biens sont dclars nationaux, la communaut demande le maintien des Ursulines qui "montrent lire, crire, travailler, instruire de leur religion les jeunes filles de la ville". Ces dames, dont les revenus sont modiques, partagent le reste de leur temps entre la prire et le travail. "Elles sont prcieuses pour lÕutilit et lÕinstruction de la jeunesse, elles sont encore recommandables par la puret de leurs mĻurs car on nÕa jamais pu leur adresser aucun de ces reproches quÕont mrits quelquefois les autres ministres des autels."
į 26 fvrier 1790 : Dclaration des Religieuses de Sainte Ursule. Voir le chapitre suivant.
į 3 mars 1790 : Dclaration des Religieuses de Sainte Ursule dont le revenu sÕlve 5000 livres environ.
į 31 mai 1791 : On demande au Cur une oraison de 40 heures afin dÕapaiser la colre de Dieu justement irrit, et faire cesser les pluies qui compromettent les rcoltes. Les Dames Religieuse, les Pnitents Blancs et Noirs continueront les prires aprs celles de lÕglise.
į 22 septembre 1791 : Sur lÕinvitation du Maire et du procureur, sĻur Ambroise, suprieure du Couvent des Religieuse, runit le personnel dans une salle et toutes les Dames rpondent quÕelles ne peuvent ni ne doivent point prter le serment prescrit quelque respect quÕelles aient pour les dcrets de lÕAssemble Nationale ; 4 sĻurs malades, retenues lÕinfirmerie font la mme rponse.
į 16 mars 1792 : La Prieure du Couvent des Religieuses annonce le dcs dÕune de ses sĻurs.
į 27 avril 1792 : Le procureur de la commune invite la suprieure du couvent se conformer la loi du 13 mai 1791 dfendant "les rassemblements dans les lieux privs sous prtexte de clbration des offices divins" tolrs par elle dans lÕtablissement. La prieure qui en ignore lÕexistence demande quÕon la lui fasse connatre "et la communaut sÕy soumettra". Elle espre quÕon lui rendra justice ainsi quÕ ses compagnes qui nÕont pas dmrit. Le conseil les autorise continuer leurs fonctions jusquÕ plus ample information.
į 30 mai 1792 : Le ministre des Contributions autorise la descente des cloches, reconnues inutiles, des maisons religieuses, glisesÉ Toutes celles de Grenade sont dclares indispensables.
į 23 aot 1792 : Ordre de descendre la cloche du couvent des Ursulines.
į 14 septembre 1792 : Nomination des commissaires chargs de dresser lÕinventaire des effets des Religieuses.
į 11 octobre 1792 : Recherche des objets vols dans le Couvent des Religieuses.
į 1er avril 1793 : Certificat de rsidence 4 sĻurs converses et 9 ci-devant religieuses du couvent de Sainte Ursule de Grenade.
į 13 novembre 1793 (23 Brumaire) : Par ordre dÕHugueny, Rieupeyroux cadet est arrt comme trs suspect ; on lÕa vu entrer dans la maison des Religieuses de Grenade.
į 16 mars 1794 : La citoyenne Catherine Ponsan, ci-devant religieuse prte le Serment civique.
į 23-25-29 mars 1794 : Idem Marguerite Nadal, Brigitte Audral, Marguerite Lataste, Marie Borgeon, Maure et Marie Canitrot, ci-devant Religieuses du couvent de Sainte Ursule.
į 4 octobre 1794 (23 Vendmiaire An II) : Transformation du couvent des Ursulines en Hpital Militaire. Le citoyen Prignon surveillera les travaux.
Tableau des Instructions demandes par le comit ecclsiastique de nosseigneurs de lÕAssemble Nationale en vertu du dcret du 13 novembre 1789 et lettres Patentes du Roy du 18 du mme mois contenant dclaration dtaille de tous les biens mobiliers et immobiliers dpendants du monastre des Religieuses de Sainte Ursule.
Avec le monastre, cimetire, pigeonnier et jardin dans la ville rue des Noyers, 1 arpent, 2 casaux, 4 places, 10 escats ; une petite maison et cour pour lÕaumnier de lÕautre ct de rue, 12 escats ; terre et vigne au Cetts, 1 arpent, 2 casaux, 2 places, 6 escats, une mtairie dite de Bordeneuve avec table, four, patus, sol, jardin, terres, bois, pastencs, pieds, vignes et bousigues ; de paires de labourage, les bĻufs au bordier, paroisse de Saint Sverin ; contenance du local de la mtairie, 3 places ; jardin, 1 place, terres 63 arpents, 3 places ; pieds, 3 arpents, 3 casaux, bousigues, 8 arpents, 3 casaux ; pastencs, 2 casaux, 2 places ; vigne au profit du bordier, 1 casal, 4 places ; bois taillis, 12 arpents, 1 casal, 3 places.
Avec un pigeonnier, four, patus, sol, jardin, terres, vignes, pieds, pastencs, bois et bousigues ; de deux paires de bĻufs au bordier ; contenance du local de la mtairie, 4 places ; jardin, 1 place ; terres, 68 arpents, 3 places ; bousigues, 9 arpents, 3 casaux, 1 place ; pieds, 4 arpents, 2 casaux, 1 place ; pastencs, 3 casaux, 2 places ; vignes mauvaises, 8 arpents, 2 casaux ; bois taillis, 14 arpents, 1 casal.
Avec tables, four, patus, sol, jardin, terres, pieds, pastencs et bousigues de deux paires, les bĻufs au bordier ; contenance du local de la mtairie 3 places ; jardin, 2 places ; terres labourables, 53 arpents, 1 casal, 4 places, bousigues, 2 arpents, 2 casaux, pieds, 6 arpents, 2 casaux, pastencs, 5 arpents, 1 casal.
Avec tables, four, patus, sol, jardin, terres, bois, pastencs, pieds, vignes et bousigues de deux paires, les bĻufs au bordier ; contenance du local de la mtairie, 3 places, jardin, 1 place, terres labourables, 61 arpents, 1 casal, 3 places, bousigues, 3 arpents ; 3 casaux, 4 places, pastencs, 1 arpent, 3 places ; pieds, 3 arpents, 3 casaux, 4 places. Vignes, 10 arpents, 1 casal, 1 place ; bois taillis, 4 arpents, 2 casaux, 2 places ; 5 pices de mauvais pieds, dans Launac, lection de Lomagne, 1 arpent, 3 casaux ; 5 lopins de terre dans Saint Paul, Election de Lomagne, 5 arpents, 1 casal ; vigne, 1 casal, 2 places ; terres dans Merville, 8 arpents, 3 casaux ; prs dans Ondes, 3 casaux, 4 places.
Avec les biens en dpendant dans Sainte Rustice et Castelnaud, dÕune paire ; afferme quitte dÕimpositions Jean Peyranne pour 620 livres ; contenance du local, 3 places.
Avec tables, four, patus, sol, jardin, terres, bousigues, pastencs, bois dans Mondonville, dÕune paire et demy, bĻufs au bordier ; contenance du local de la mtairie, 2 places. Jardin, 1 place ; terres labourables, 19 arpents, 1 casal ; bousigues, 1 arpent ; pastencs, 2 arpents. Bois taillis, 4 arpents 2 places ; terres et pieds dans Aussonne dpendants de la mtairie de la Vitarelle, 27 arpents, 1 casal, 1 place ; pieds, 3 casaux.
Biens, jardins du monastre estims 80 livres, terre, vigne du Cetts, 70 livres. Observation. LÕglise, monastre, maison, pigeonnier et murs ont besoin de beaucoup de rparations. Bordeneuve, sans bois ; lin, volaille, Ļufs, cochon et laine, 630 livres. Observation : le terrain est situ dans lÕextrmit de la juridiction ; terrain ingrat. Cornac, sans vin ; lin, bois, fruits dÕarbres, volailles, Ļufs, cochons et laine, 740 livres. Observation : les btiments ont besoin de rparations, le four de reconstruire, les pigeonniers sont dpeupls : Embcade, sans fruits dÕarbre ; lin, volaille, Ļufs, cochons, laine, 1090 livres. Observation : A besoin de rparer, sujette aux inondations de la Save portant un grand dommage. Perrou, sans lin, vin, fruits dÕarbres, bois, volailles, Ļufs, cochons, laine, 700 livres. Observation : A besoin de rparer, le fond est ingrat. Pieds Launac, lÕusage des bordiers. Observation : Foin rcolt par les Bordiers de Cornac et Bordeneuve, 5 arpents, pieds jouis dans Saint Paul, par le bordier dÕEmbcade, produit compris dans le prix de la mtairie. Observation : le revenu de lÕarpent de vigne est port dans celui des autres vignes. Terres dans Merville affermes, 93 livres. Terres dans Saint Paul affermes 76 livres 10 s. Trois casaux pieds dans Ondes. Observation : Pour le service des bordiers lorsquÕils portent les denres au couvent. Mtairie de Sainte Rustice, 620 livres. Observation : a besoin de rparations, un mur croule. Mtairie de Vitarelle, sans lin, volaille, laine et bois, 560 livres. Observation : a besoin de beaucoup de rparations, le terrain est ingrat. Le vin qui se recueille : 660 livres, fruits des arbres, 80 livres. Rente en volailles et Ļufs, 280. Observation : se consomment dans le couvent. Les troupeaux laine sont de 40 ttes avec le blier dans chaque mtairie, Grenade et Mondonville, tenus Gazaille par les bordiers. Les agneaux produisent pour les Religieuses 490 livres. Le lin, 120 livres. Observation : sÕemploie lÕusage de la maison. Le bois gros et menu, 1100. Observation : sÕemploie lÕusage de la maison. Rente sur lÕtat du Roy rduite 22 livres 13 s. Observation : cette rente est mal paye.
Imposition de 1788 : 1453 livres 12s. ; celles de 1789 seront plus fortes ; dcims 132 livres 155 ; rente en argent aux religieuses de la Capelette pour leur terre de Merville, 6 livres, 11 sols, 6 deniers ; intrts de 24,079 l. que les Religieuses doivent diffrents particuliers 1,158 l. 19.s. Honoraire de lÕaumnier avec lÕentretien de lÕglise, 800 l. ; rparations du monastre et des mtairies, anne commune, 400 l. ; gages du rgisseur, 120 livres ; gages du boulanger du couvent, 80 livres ; gages du jardinier, 80 livres. Total des charges, 4979 livres 17 sols 6 deniers.
Dans lÕglise 2 autels et retables en bois dor, 2 calices, 2 ciboires, 1 ostensoir, 1 crmire, burettes avec plateau dÕargent, 12 flambeaux de fonte, 18 chasubles, 3 pluviaux, 2 dalmatiques, 2 charpes et le linge ncessaire au service des autels, le tout us, avec 18 aubes. A la sacristie, une fontaine dÕtain et une autre de cuivre au rfectoire ; dans lÕenceinte du couvent il y a une chapelle avec une statue de la vierge en bois dor et 5 tableaux, cadres dors avec quelques ornements. Les cellules qui sont habites par quarante et une individu du monastre contenant un prie-dieu, une couche, une petite table, une armoire et deux chaises ; 3 chambres pour lÕinfirmerie o habitent les malades contenant huit lits avec couche et coussin honntement meuble, avec 12 couverts dÕargent pour lÕusage des malades seulement. Dans le quartier o lÕon reoit les jeunes filles et pensionnaires, il y a 8 chambres contenant 22 lits avec les meubles, bancs et tables ncessaires cette partie. Dans lÕenceinte dudit couvent, il y a des bancs et chaises ncessaires, un moulin passer la farine et un autre moulin purger le bled, un grand crible, une huche, un ptrin, 150 toiles sacs ; la batterie de cuisine est des plus simples, 2 chaudires, 2 seaux, et 2 chaudrons, le tout en cuivre ; 120 paires de draps de lit et 60 douzaines de serviettes avec 2 nappes pour chaque douzaine, environ 4 quintaux dÕtain commun pour assiettes, cuelles et plats pour lÕusage ordinaire du couvent, et 8 lampes de laiton. Quant la bibliothque, il nÕy a que lÕexplication de lÕAncien et du Nouveau Testament, les Ļuvres du RP Grenade et autres livres de pit. Le chai contient 3 cuves, 2 cuviers, 40 comportes et 65 barriques avec des chantiers de bois, un grand et petit entonnoir. Dans la petite maison du chapelain, il y a 2 lits garnis bien simplement et 2 couches pour les domestiques. Certifi vritable Grenade, ce 26 fvrier 1790 ; sign Marguerite Berg, prieure.
Dclaration de Mademoiselle Raspide, pour sa pension lÕan 1790 et le 1er jour de mars, par devant nous Jean Pierre Marie Belan, maire de Grenade, dans notre habitation, est comparu demoiselle Franoise Raspide, fille du feu Pierre Raspide, cuyer et de dfunte dame Brun, laquelle pour se conformer aux dcrets de lÕAssemble Nationale, nous a dclar que par ordre du Roi du 30 octobre 1750, elle a t envoye dans le couvent des dames Religieuses de Sainte Ursule de Grenade pour y tre instruite des vrits de la religion catholique, dans lequel couvent elle a toujours rsid depuis le 25 novembre de lÕanne 1750 ; lors duquel ordre il fut accord par sa majest une pension annuelle de 150 livres sur les conomats, que cette pension lui a t exactement paye jusquÕau dernier dcembre 1780 ; laquelle poque et commencer du 1er janvier 1781, ladite pension a t augmente de 50 livres et a t porte 200, suivant une lettre de M. de Marville Monseigneur lÕArchevque de Toulouse, en date du 17 avril 1782 ; laquelle pension de 200 livres a t paye depuis jusquÕ lÕchance du 1er janvier 1789. Et ladite pension de 200 livres est due ladite demoiselle comparante pour lÕanne dernire chue le 1er janvier dernier. De laquelle dclaration, ladite demoiselle Raspide nous requiert de prendre acte, pour tre par nous envoy lÕAssemble Nationale. Signe avec nous ; Franoise Raspide, Belan Marie.
į 19 octobre 1794 : Arrt du district ordonnant de mettre promptement en tat le ci-devant couvent des Religieuses o seront reus les soldats malades ou blesss. La communaut des Ursulines a t supprime et les Religieuses disperses et renvoyes.
į 30 octobre 1794 : 5 maons de Verdun, occups aux travaux de lÕhpital militaire, abandonnent le chantier sous prtexte quÕils ne peuvent vivre avec le prix de la journe quÕon leur donne. 3 manĻuvres de Grenade quittent pour la mme cause. Appels devant le conseil ces sans-culottes ne donnent aucune raison justifiant leur dsertion et ils sont condamns 24h de prison. Les maons de Verdun sont signals leur municipalit qui les invitera venir reprendre le travail.
į 25 dcembre 1794 : Les dpenses des travaux de lÕhpital militaire sÕlvent 4773 livres 4 sols 6 deniers et la recette 10 000 livres. LÕexcdant, 5226 livres 15 sols 6 deniers, sera vers entre les mains du citoyen Rieupeyroux, cadet, trsorier.
į 16 mai 1795 : Les travaux de lÕhospice militaire sont suspendus. On refait une partie de la toiture. Le citoyen Picard, chef des travaux, en remettra les clefs la maison commune.
į Avril 1814 : Le duc de Wellington, poursuivant les troupes du marchal Soult fait jeter un ponton sur la Garonne pour la traverser, prs de Grenade. Une crue emporte ce pont improvis, obligeant Wellington rsider plusieurs jours Grenade avec ses troupes. Il tablit son logement dans lÕancien couvent des Ursulines.
Les documents actuellement connus sont insuffisants pour tablir de faon prcise le devenir de lÕancien couvent des Ursulines.
į Au XIXme sicle, sans doute son dbut, ce btiment initialement transform en hpital militaire a t rachet par un Monsieur Lataste au moins pour les 2 btiments principaux ct Sud. M. Lataste fait partie dÕune famille de Grenade dont plusieurs membres sont cits dans les archives communales (dont un "gnral" au moment de la Rvolution). Il sÕintressait aux "antiquits" et serait peut-tre un des donateurs de pierres sculptes figurant au muse des Augustins, Toulouse.
į Un chapiteau a t retrouv dans les annes 1760 dans le jardin de lÕancien couvent avec un dessus dÕautel en marbre rose. Deux autres chapiteaux avaient t implants de part et dÕautre du grand portail. Enfin les colonnes de la cours dÕentre, mises en place en messidor de lÕan XII, comme en tmoigne lÕinscription grave sur lÕun des socles, viendraient de lÕabbaye de Grandselve. Ces colonnes ont t enleves dans les annes 1930, achetes par un antiquaire et seraient parties destination de Toulouse, sur un char bancs (dÕaprs les dires des vieux habitants de Grenade).
į La msentente entre les 2 fils, hritiers de M. Lataste, impose le partage de lÕhritage. Un mur mitoyen en galets de Garonne (toujours prsent) est mis en place coupant la proprit dans lÕaxe Ouest-Est en passant par le milieu du Grand Portail.
į Par la suite, au Nord, le terrain est morcel et plusieurs maisons individuelles utilisent les communs fortement remanis. La partie de ces btiments situe le plus au Nord, sera transforme en tricoterie qui tait encore en activit la fin des annes 1940. Elle sera profondment transforme, surleve puis vendue ou loue par appartements.
į Le btiment situ le plus au Sud reprendra une activit dÕcole libre dans le premier tiers du XXe sicle mais avec dÕautres religieuses que les Ursulines.
į Ce btiment sera dtruit en 1939-1940. Seule persiste une vaste cave vote. Les matriaux serviront reconstruire sur place une habitation particulire.
į Le second btiment situ au Sud et le porche central vont eux aussi subir de profondes modifications.
į Sans doute dans les dernires annes du XIXme sicle ou les premires annes du XXme.
į La faade du btiment (comme celle de lÕancienne tricoterie sont abattues et remplaces par une nouvelle faade ou arceaux, au 1er tage, faite dÕun appariement de briques rouges (provenant des matriaux de dmolition) et de briques jaunes. Cette faade est solidarise aux murs de refend par de fortes barres mtalliques. Cette faade est surleve par rapport la prcdente ct cours intrieure.
į LÕancien promenoir ou clotre voit ses votes rduites de moiti dans le sens Ouest Est et trs remanies dans le sens Nord Sud. Le puits et aras. Une vaste cage dÕescalier est cre aux dpens du promenoir et de la deuxime salle. Les fentres des faades intrieures voient leurs dimensions rduites. On fait disparatre les corniches des votes (dont le dessein sera retrouv dans lÕpaisseur des murs) puis le tout sera crpi et maonn faisant disparatre lÕarchitecture primitive et banalisant lÕensemble. Les pices intrieures sont recomposes pour transformer les btiments en maison dÕhabitation.
Ainsi remani, lÕancien couvent dans sa partie restante, dÕorigine, va choir diffrents propritaires et locataires.
į La famille Lataste vend lÕimmeuble le 29 mars 1900 Monsieur Jean Alphonse Farges, gnral de Brigade en retraite et sa femme Madame Elisabeth Gros.
į Leurs deux filles Mme Farges et Chapelain nes Dusan vont en recueillir la proprit.
į Madame Delpey acquiert ce btiment en fvrier 1924 mais uniquement la nue-proprit de Madame Louise Vilemie Jeanne Dusan pouse de M. Marie Franois Eugne Farges lieutenant Colonel en retraite et de Mme Marguerite Bertrande Dusan pouse de M. Marie Xavier Auguste George Chaplain gnral de Brigade du cadre de Rserve. LÕusufruit qui doit revenir a t acquis par M. Paul Flik lieutenant colonel en Retraite et par Mm Marie Sophie Pinar son pouse.
į A ce propos la petite fille du colonel Flik a publi un livre o elle fait allusion lÕancien couvent (le pain polka- Annette Vaillant), dans un chapitre intitul : Odeur de lavande. "Ma grand-mre maternelle avait accumul tant de meubles, plus souvent laids que beaux, tant de services de table, dÕobjets dÕart style Barbedienne, de porcelaines japonaises et dÕargenterie sans poque, dans la dernire garnison du colonel, quÕil lui fallut trouver une trs grande maison pour y abriter, le jour de la retraite venue, tout son dlirant bric brac. CÕest dans une petite ville ingrate, prs de Toulouse que les moyens modestes du colonel leur permirent dÕacqurir une sorte de palais italien dnu de plomberie mais dmesur. Dsormais sans ordonnances ma grand-mre prfrait tailler ses rosiers et recevoir des visites plutt que dÕpousseter ses trsors. Le colonel lui, faisait de la peinture. Gologue, il avait t charg dÕtablir une carte du sous-sol tunisien dont tmoignaient une quantit de fossiles tiquets et logs avec un vrai souci de musographie dans lÕorangerie dsaffecte au milieu de laquelle trnait sur 8 mtres de long la carcasse entire dÕun diplodocus dcouvert en Afrique du Nord. Au retour de Loctudy nous allmes passer une dizaine de jours chez bonne-maman. Le voyage paraissait interminable avant dÕatteindre cette curieuse maison courants dÕair, plus familiale pour les souris que pour nous-mmes. Pourtant Bonne Maman tait gentille avec ses mines ravies de mondaine dmode et le colonel avait fire allure, haute taille, des yeux myosotis, une barbiche blanche lÕimpriale. Il appelait Maman "Madame". Il interrompait son courrier, la correspondance suivie quÕil entretenait avec un ancien camarade de la Flche, jamais revu depuis plus de 50 ans, et il nous expliquait ses minraux et ses fragments de coquillages. Il nous offrait des dents de requins, devenus comme des crocs de marbre, puis il nous infligeait au salon, avec commentaires, ses albums de cartes postales. Le linge dÕun autre ge se piquait dans les armoires moisies. Au mur du trop haut escalier sÕtalait une panoplie touareg ; les mites se gavaient de tapis dÕOrient et des anciennes robes de Bonne-maman qui ne jetait ni ne donnait jamais rien. Cependant lÕhiver Maman recevait dans des botes chaussures en carton les dernires roses et les premires violettes du jardin. Elles arrivaient toutes fanes. Maris depuis bien des annes, le colonel et bonne-maman taient de vieux amants trs heureux."
į Le colonel Flik est dcd le 27 fvrier 1943 Bordeaux et sa femme Grenade le 8 aot 1938. Madame Delpey vend lÕimmeuble en juillet 1943 Madame Hlne Marie Henriette Andre Baya, veuve de M. Henri Auguste Paul Pedelmas, militaire.
į Monsieur Lon Claude Louis Rgnier, Inspecteur Central des Contributions directes et Madame Fernande Augusta Victoria Pierrette Bec, professeur de musique au Collge Moderne de jeunes filles de Toulouse en font lÕacquisition le 29 juin 1948.
Autoris par Henri IV, le 20. 10. 1603, ils purent sÕtablir Grenade malgr les oppositions de lÕabb de Grandselve et les arrts du parlement de Toulouse. Ils obtinrent de quelques particuliers et de la commune tout le quartier donnant sur la Garonne du ct de Toulouse, y compris le chemin de ronde et la moiti dÕune rue dans toute sa longueur. Les consuls les ont engags fonder un couvent prvoyant le fruit spirituel que retueront les habitants des prires et prdications des Capucins soit pendant la vie soit lÕheure de la morts. (Les capucins sont une branche de lÕordre des franciscains fonde au XVIe sicle pour restaurer la rgle franciscaine dans toutes sa rigueur et sa simplicit primitive. JusquÕ 1619 ce nouvel ordre se heurta lÕopposition des franciscains de lÕObservance et resta sous leur juridiction. LÕaustrit, la pauvret, lÕardeur apostolique de ces nouveaux moines avec leur long capuce, leur barbe et leurs sandales leur attirrent lÕestime et la confiance du peuple. Leur rle fut trs important dans la rforme catholique. En 1975, ils taient 14000 rpartis en 60 provinces.
A Grenade, les capucins sont dans une pauvret persistante. Ils vivent de dons, en particulier de la communaut, et sont dans une grande ncessit. Plus de 30 ans avant la Rvolution, leur nombre tait rduit 3. Aux environs de Grenade existaient 5 6 grosses fermes ou granges reprsentant (dÕaprs la chronique de M. Magy) autant de couvents de Capucins. Les femmes allaient de prfrence leurs chapelles qui dans la suite prirent le nom dÕoratoires.