Histoire de lÕancien couvent des ursulines de Grenade sur Garonne

 

 

Copyright Claude RŽgnier

Version prŽliminaire - 18 Septembre 2006

 

 

 

 

 

 


1      La compagnie de Sainte Ursule

La compagnie de Sainte Ursule a ŽtŽ fondŽe ˆ Brescia, en Italie par Angle MŽrici, le 25 novembre 1535. Le Pape Paul III promulgua la bulle dÕapprobation le 9 juin 1544. LÕexpansion de la nouvelle compagnie fut rapide en Italie puis atteignit la France vers 1592 ˆ Lisle sur Sorgue et Avignon.

 

Vivant tout dÕabord dans leurs familles respectives, les Ursulines vont trs vite former des congrŽgations. 70 fondations de maisons de ce type vont se succŽder jusquÕen 1633. La congrŽgation des Ursulines de Paris, obtient une bulle de transformation en monastre en 1612 avec lÕappui de Madame Acarie et de Madame de Sainte Beuve. Les autres maisons dÕUrsulines vont rapidement suivre cette Žvolution. Ainsi se constituent 8 congrŽgations de lÕordre de Sainte Ursule cÕest ˆ dire 8 groupements de monastres ayant entre eux le mme esprit tout en restant autonomes.

 

Ces monastres sont rŽgis par des constitutions et des rglements dŽrivŽs de ceux ŽdictŽs par Angle MŽrici et revus par Charles BorromŽe. On dŽnombrait environ 350 fondations de monastres dÕUrsuline en France avant la RŽvolution de 1789. LÕesprit de tous ces monastres comprend une vie de prire intense, un grand zle apostolique auprs des enfants et des adultes, un ardent esprit de foi, une pŽnitence austre, une pauvretŽ extrme vŽcue dans la confiance en la Providence. Parmi les premires Ursulines de France, plusieurs fortes personnalitŽs marquantes :

į    Franoise de Bermond en Provence,

į    Franoise de Cazres ˆ Bordeaux,

į    Franoise de Xainctonge ˆ Dijon,

į    Antoinette Micolon en Auvergne,

į    Marguerite Vigier ˆ Toulouse.

La bulle de fondation est accordŽe au monastre de Toulouse en 1614. La congrŽgation donne une place importante ˆ la rgle de Saint Augustin et les religieuses prennent le nom dÕAugustines-Ursulines.

 

Marguerite Vigier, fondatrice et supŽrieure du monastre de Toulouse Žtait la sĻur du Pre Antoine Vigier qui avec les pres CŽsar de Bus et Jean-Baptiste Romillon fondrent la Compagnie des "Doctrinaires" et inspireront profondŽment, ˆ Paris, les Oratoriens. Marguerite Vigier sÕinstalla ˆ Toulouse le 14 octobre 1604, bient™t aidŽe par sa sĻur Catherine, elle aussi Ursuline.

 

Avant la fondation de Grenade, une anecdote significative doit tre mentionnŽe. En 1608, Franoise de Cazres (supŽrieure de Bordeaux) se rendit ˆ Toulouse pour y confŽrer avec la mre Vigier. Elle y resta 8 mois. A son retour, elle sÕarrta dans une petite ville des environs de Toulouse, nommŽe Grenade. Elle y logea chez M. de Berty qui Žtait lieutenant gŽnŽral du lieu. Ce haut personnage Žtait le propre frre de ce feuillant, dom Jean-Jacques qui avait ŽtŽ le directeur et le confesseur de Franoise Cazres et lui avait donnŽ le voile. Il avait une fille alors ‰gŽe de 10 ans. Cette enfant sÕattacha si fort ˆ la digne mre quÕil fut impossible de lÕempcher de la suivre et il fallut que le pre et la mre y condescendent. Ds quÕelle fut ˆ Bordeaux, cette jeune postulante se soumit ˆ toute rŽgularitŽ comme une fille de 15 ans et particulirement ˆ lÕoraison du matin, prenant grand soin dՐtre ŽveillŽe pour prŽvenir le son de la cloche. Ds 12 ans, elle prit lÕhabit religieux. Marguerite de Berty fondera les monastres de Saumur, Nantes, Chartres, Vend™me, Nogent le Rotrou.

2      Fondation du couvent des Ursulines de Grenade

2.1   DÕaprs les archives de la ville de Grenade

Selon les Archives de la ville de Grenade, lՎtablissement date du 28 juin 1624 : "Jean DŽpuntis, marchand de Grenade a donnŽ une maison avec les jardins y contigus" aux Dames Religieuses de Sainte Ursule. Elles veulent fonder un couvent de leur ordre dans cette maison jadis appartenant ˆ Jean Joannon "conseiller esleu au pays de Verdun". La ville retirera de cet Žtablissement beaucoup de profit puisque les habitants qui ont des filles pourront les faire "instruire et eslever ˆ la vertu, avec grandissime commoditŽ par les religieuses". Dans ce but, on dŽcide quÕelles seront exemptŽes des tailles de leur maison et quÕon leur donnera une fois payŽes la somme de 300 livres.

2.2   DÕaprs lÕabbŽ de Saint Orens

Selon M. Magy, abbŽ de Saint Orens, les Ursulines obtinrent de Louis XIII en 1611 des lettres patentes pour sՎtablir ˆ Toulouse. Une fois assises lˆ, cette congrŽgation jeta les yeux sur Grenade et la dame Marguerite de VigŽ sÕy rendit le 9 janvier 1624, pour accepter de Jean DŽpuntis, marchand une maison avec grange et jardin dans la rue du Noyer. Le marchand croyait doublement bien faire en favorisant une corporation profitable au corps et ˆ lՉme suivant les lettres patentes du Roi. Quatre religieuses suivies de deux novices furent nommŽes par le vicaire gŽnŽral de l'archevque (6 dŽcembre 1626) pour "satisfaire au dŽsir des habitants de Grenade" assure lÕordonnance dudit vicaire signŽe Louis de Claret. Les Demoiselles qualifiŽes de Dames se rendirent ˆ leur destination ds le 3e jour et se logrent chez DŽpuntis en attendant. La ville ne tarda pas ˆ leur cŽder un grand espace pour y b‰tir. Elles furent bient™t plus de soixante sans compter les Žlves du pensionnat. (En 1790, les cellules Žtaient occupŽes par 41 de ces dames. 8 chambres pour les pensionnaires renfermaient 22 lits). Leurs ressources grandirent vite aussi. En 1645, elles possŽdaient le bien de Castelnau ; En 1647, le domaine dÕEmbŽcade leur fut donnŽ par Delphine, veuve Dubarry.

2.3   La petite histoire de la fondation

En rŽalitŽ, la fondation du couvent de Grenade fut trs particulire et celle-ci mŽrite dՐtre rapportŽe en raison de son originalitŽ.

 

M. DŽpuntis, gentilhomme du Languedoc, pourvu dÕune belle fortune part pour Paris et tombe dans un guet-apens. Il prend conscience que sa vie est en danger. Que faire ? Un vĻu ˆ Dieu : "Si vous me tirez de ce mauvais pas, Seigneur, je serai Capucin". Il Žchappe mais arrivŽ chez soi, il ne peut se rŽsoudre ˆ accomplir son vĻu, empchŽ par une trs forte attache quÕil avait pour une demoiselle de Grenade appelŽe,Fleurette de Cassassus, Žlve aux Ursulines de Toulouse. Bien loin de penser au Clo”tre, il envoie ˆ Rome pour obtenir la dispense de son vĻu laquelle lui est accordŽe. Mais Dieu qui ne lÕapprouvait pas, permet quÕil tombe une 2me fois dans le mme danger dՐtre assassinŽ. Il reconna”t sa faute et pour sauver sa vie, se sert du mme remde et rŽitre son vĻu de se faire Capucin. Il Žchappe ˆ nouveau. Mais la passion quÕil avait pour la demoiselle lui donnait un trs grand chagrin en pensant quÕun autre lÕaurait pour Žpouse. Il dŽsirait avec la mme passion quÕelle se fit religieuse et la fait sonder lˆ-dessus, Fleurette se sent touchŽe et inspirŽe de se faire de cette religion. Il en est ravi dÕaise et promet une fondation ˆ Grenade en faveur de Fleurette. La RŽvŽrende Mre Prieure de Toulouse accepte cette proposition. En accord avec sa famille Fleurette prend lÕhabit le 5 octobre 1626.

 

La mme annŽe, la mre de BarthŽlemy de Gramond dite de Sainte Croix alors Prieure, alla avec la mre de Roquelaure de Saint Augustin quÕelle prit pour lÕaccompagner, ˆ Grenade, o elle mena quatre Religieuses Professes qui Žtaient la mre Miramonde Daynier dite "de Sainte Eufrasie", laquelle fut nommŽe prieure, la mre Jeanne de Barts dite "Sainte Marthe" de Barts qui fut faite sous-prieure, SĻur Marguerite de Castel Jaloux dite "de JŽsus" et SĻur Marie de Barrau dite "de Sainte Estienne", toutes quatre sĻurs de chĻur. Avec elles allrent deux novices qui furent la sĻur Fleurette de Sainte Ursule ainsi nommŽe en religion, pour lÕamour de laquelle cette fondation se faisait et la sĻur Jeanne de Bou‘s dite de Saint Franois. Toutes partirent de Toulouse au mois de dŽcembre 1626 et arrivrent ˆ Grenade le 26 dudit mois de la mme annŽe. Elles furent reues avec joie par les habitants et particulirement M. Despuntis qui alla au devant leur porter les clefs de sa maison, les y conduisit et les mit en possession dÕicelle en la leur donnant avec elle, deux mŽtairies. La sĻur Fleurette ayant fait sa profession avec la sĻur de Saint Franois, le Sieur Despuntis exŽcuta son vĻu, prit lÕhabit de Capucin et mourut Capucin. Voilˆ les inventions de Dieu pour faire cet Žtablissement mais voici ce que le dŽmon a fait pour le ruiner.

 

Il travaille ˆ renverser la donation et se sert des parents du donateur pour la faire annuler. SÕil ne put pas faire perdre la maison du moins il pratiquera la perte des mŽtairies en faisant intenter procs contre les Religieuses qui furent contraintes de leur cŽder. Par lˆ elles ont ŽtŽ rŽduites ˆ une trs grande pauvretŽ et disette extrme de toutes choses nŽcessaires. Mais ce couvent sÕest si solidement maintenu dans le premier zle et esprit de religion que les premires fondatrices y ont portŽ, quÕil nÕest point de maisons dÕAugustines-Ursulines o les Lois et Rgles de lÕordre se gardent avec plus dÕexactitude et de rŽgularitŽ, avec un esprit dÕamour, de paix et de charitŽ toujours croissant avec un esprit de pauvretŽ si dŽsintŽressŽ  quÕelles ont refusŽ plus de neuf personnes qui avaient de grands biens et pouvaient donner beaucoup au Couvent pour le mettre en bon Žtat. Le mortuaire de toutes les sĻurs dŽfuntes jusquÕici porte quÕelles ont vŽcu dans une parfaite exactitude et obŽissance. CÕest ce quÕa dŽclarŽ une des anciennes de cette Maison en ces termes : "Dans 26 annŽes de temps quÕil y a que jÕay lÕhonneur dÕestre dans cette Maison, je puis dire ˆ foy de Religieuse y avoir vu toujours une trs exacte et fervente observance Religieuse, dans une trs sincre et Žvidente charitŽ, sans que jamais jÕy aye remarquŽ la moindre diminution en lÕune, ni la moindre rel‰che en lÕautre, ainsi au contraire augmentation en tout". Une autre religieuse Žcrit ˆ une mre de Toulouse "lՎtat de cette fondation demande un volume entier et je croy que de toutes celles qui sont sorties de la vostre, celle-ci est bien vue de celles, o il y a eu de choses plus extraordinaires et o la Providence Divine a fait des miracles continuels en temps de peste, famine, guerre, hostilitŽs, maladies continuelles, ennemis, procs et une extrme pauvretŽ durant beaucoup dÕannŽes". (R.P. Parayre, Toulouse, 1681)


3      Les ursulines et leur enseignement

3.1   Les Ursulines

Leur vocation a ŽtŽ exprimŽe par la mre de Sainte Martin, Prieure de Metz, dŽcŽdŽe en 1681 : "ętre humble dans lÕhonneur, commander sans empire. ętre Žgale en tout temps ; beaucoup faire et peu dire, corriger les dŽfauts, reprendre sans aigreur, la prudence ˆ la bouche et lÕamour dans le cĻur, des intŽrts de Dieu se faire la victime, avec lui contracter une union intime, se dŽfier de soi, observer le vrai bien. Prendre avis des prudents sans sÕattacher ˆ rien. Infatigable en tout, joyeuse dans les peines, et prendre son repos dans les croix, les gŽhennes".

 

Les novices doivent effectuer 2 ans de probation (pas de vĻux avant lՉge de 16 ans). Les sĻurs sont de jeunes religieuses de moins de 25 ans dՉge ou de moins de 10 ans de profession. Les mres de la congrŽgation de Toulouse sont habillŽes de blanc, ont un scapulaire noir et un manteau noir dans le chĻur. A la tte du couvent, une prieure Žlue par la moitiŽ des voix plus une, au moins. Elle choisit sa sous-prieure, son Žconome, la portire et la prŽfte des classes. Leur horaire journalier est strict, rythmŽ par la prire. Elles prononcent les vĻux monastiques de chastetŽ, de pauvretŽ et dÕobŽissance. Il sÕy ajoute une mention particulire (parfois transformŽe en vĻu) pour lՎducation des jeunes filles. LÕhabit dans la congrŽgation de Toulouse, est simple : "Une simple robe noire, un petit collet sans manchette, un voile de crpe sur la coiffure de nuit et un autre dՎtamine en forme dՎcharpe pour lÕabattre sur le visage en parlant aux sŽculiers. Une large ceinture de cuir". Aprs la dŽcision de cl™ture, il y avait une sŽparation stricte entre les locaux des Religieuses et ceux des pensionnaires.

 

Les bulles du Saint Sige prescrivent aprs 1612 une soumission sans condition aux ƒvques. Ceux-ci effectuent des visites canoniques dans les monastres. Ils dŽlguent les visiteurs, nomment les supŽrieurs et choisissent les confesseurs. Il faut insister sur lÕinfluence des Oratoriens et des JŽsuites (rŽponse du Pre Lancelot Marin ˆ Mme de Sainte Beuve : "ce que les JŽsuites font pour lՎducation des garons, il serait  ˆ dŽsirer que des religieuses le fissent pour lՎducation des filles". Cette rŽponse correspond ˆ la fondation de Paris. Au dŽbut les Ursulines ont servi dans les H™pitaux, se sont entretenues avec les prisonniers et ont distribuŽ aux pauvres des aum™nes quÕelles sont parfois obligŽes de solliciter elles mme. Pour les aider dans leurs Ļuvres les Ursulines ont instituŽ  "les Dames de la MisŽricorde", confrŽrie toute donnŽe aux t‰ches dÕassistance".

3.2   Leur enseignement

Paul V a ŽdictŽ le programme pour les Ursulines : Elles sont obligŽes de sÕemployer gratuitement ˆ lÕinstruction des petites filles. Premirement : En leur enseignant avec la piŽtŽ et la vertu ce qui est digne dÕune vierge chrŽtienne, ˆ savoir : lÕabrŽgŽ de la doctrine chrŽtienne, la manire dÕexaminer sa conscience, de confesser ses pchŽs, de communier, dÕou•r la sainte messe, de prier Dieu, de rŽciter le rosaire, de mŽditer et de lire des livres spirituels, de chanter des cantiques, de fuir les vices et ses occasions, dÕexercer les Ļuvres de misŽricorde, de gouverner une maison et finalement de faire toutes les actions dÕune bonne chrŽtienne. Secondement : Pour les porter avec plus dÕardeur ˆ cette institution et les retirer des Žcoles hŽrŽtiques, quÕelles leur apprennent ˆ lire, Žcrire, travailler ˆ lÕaiguille en diverses faons ; enfin toutes sortes de travaux dŽcents et convenables ˆ une jeune fille bien ŽlevŽe.

 

LÕenseignement est centrŽ sur la piŽtŽ avec les quatre parties de la Doctrine chrŽtienne :

į    La foi dont lÕobjet est rŽsumŽ dans le symbole des Ap™tres,

į    LÕespŽrance dŽveloppŽe par les demandes du Pater,

į    La CharitŽ "amour de Dieu tŽmoignŽ par lÕobservance des Commandements",

į    Les Sacrements, moyen de Salut.

 

Les pensionnaires Žtaient des jeunes filles riches mais lÕon introduisit trs vite des petites filles externes, pauvres, dans le monastre, pour y tre gratuitement instruites. "Les Religieuses avaient pour elles une tendresse et un attrait encore plus grand que pour les pensionnaires". La journŽe dÕune Žlve se rŽsume ainsi : lever ˆ 5h30-6h en hiver sauf pour les petites qui ne se lvent que de faon ˆ tre "peignŽes et habillŽes" et d'avoir dit leurs prires avant la messe. Le Saint sacrifice auquel elles assistent tous les jours est cŽlŽbrŽ ˆ 7h30 en ŽtŽ, 8h en hiver. Il est suivi du dŽjeuner. Le travail scolaire ne peut commencer avant 8h30 en ŽtŽ, 9h en hiver. A 10h, interruption pour la rŽcitation des Litanies de la Sainte Vierge qui prŽcde immŽdiatement le repas principal au cours duquel on fait une lecture pieuse. RŽcrŽation d'une heure. Reprise du travail jusqu'ˆ 3h (donc sŽances de travail de 2 ˆ 2h30). GožtŽ ˆ 3h puis rŽcitation des vpres. A 4h15 on dit Matines et Laudes dans les classes (ce qui doit prendre environ une demi-heure). Puis une heure de catŽchisme jusqu'ˆ 5h45 qui est l'heure du souper. Une rŽcrŽation accompagne obligatoirement les deux repas principaux. La rŽcrŽation du soir finit ˆ 7h15. L'examen de conscience, les Litanies de Notre Dame, dites une 2me fois, le coucher, tout cela prend environ 1h. Les enfants sont au lit ˆ 8h15. Donc : 10 heures de sommeil. 1h lever et coucher. 3 ˆ 4 h, repas et rŽcrŽations, 3-4h travail d'Žcole. 6h de messe, prire, instruction religieuse et examen de conscience.

4      Les b‰timents du couvent

En lÕabsence de plans dŽtaillŽs il est impossible de prŽciser la topographie exacte et la destination des diffŽrentes parties du couvent des Ursulines de Grenade. On peut cependant prŽciser sur des relevŽs cadastraux et sur lÕinventaire dressŽ en 1792 les points suivants :

į    Le terrain occupŽ Žtait vaste : bordŽ ˆ lÕOuest par la rue Roquemaurel (ancienne rue du Noyer ou des Nouquiers), ˆ lÕEst par le quai de Garonne (ancienne Escoussire), au Nord par les allŽes SŽbastopol (anciens remparts de la Porte Verdun) et au Sud par la rue Cazales (ancienne traversire). Terrain ŽvaluŽ ˆ 1 arpent, 2 cazals, 4 places, 10 escats.

į    La faade, rue des Nouquiers, comportait, c™tŽ Sud 2 grands b‰timents ˆ 2 Žtages sŽparŽs par un vaste porche central, surmontŽ dÕun Žtage avec une croix dans sa faade, formant lÕentrŽe principale, suivait vers le c™tŽ Nord, un b‰timent plus petit et moins ŽlevŽ puis un b‰timent important dans sa longueur dŽvolu, sans doute, aux communs, avec une grande entrŽe en porche.

į    Les deux b‰timents principaux se prolongeaient dans le sens Ouest-Est par deux ailes importantes dont lÕune existe encore, en partie. On peut sÕen faire une idŽe gr‰ce ˆ deux reproduction photographiques du dŽbut du sicle : lÕune reproduit le porche central (aujourdÕhui restaurŽ), et le b‰timent le plus au sud, malheureusement dŽtruit en 1939. On y constate la prŽsence dÕune porte dÕentrŽe plus petite, surmontŽe dÕune niche pour une statue. LÕautre, prise du clocher de lՎglise, montre lÕensemble des b‰timents, malheureusement de trop loin pour que lÕagrandissement puisse permettre une Žvaluation exacte de lÕensemble.

į    LÕinventaire  de 1792  fait Žtat sur ce terrain du monastre avec une chapelle, de l'ƒglise de Sainte Ursule avec une sacristie, du cimetire, du jardin et dÕun pigeonnier,  ainsi que dÕune maison avec cour, pour lÕaum™nier, de lÕautre c™tŽ de la rue.

į    Le monastre comportait des cellules pour les religieuses sobrement meublŽes, un quartier sŽparŽ pour les pensionnaires, le nŽcessaire pour fabriquer le pain avec un boulanger attitrŽ. Le personnel incluait en outre, un rŽgisseur et un jardinier.

5      Le  couvent au fil des ans

5.1   De janvier 1627 ˆ VendŽmiaire, An II

į    5 janvier 1627 : on accorde 100 Žcus aux Dames Religieuses. Cette somme sera cotisŽe au mme titre que celles prŽcitŽes* qui ne seront en aucun cas distraites de leur destination particulire. (* dans la mme sŽance cotisation dÕune somme de 1200 livres empruntŽs ˆ Mlle Despic par les consuls de 1624. Les Consuls dresseront lՎtat des sommes et intŽrts ˆ cotiser dans lÕannŽe courante. Ils le publieront au Conseil de 32 bourgeois et autres habitants des plus qualifiŽs qui lÕapprouveront avant de demander lÕautorisation de la cours des Aides de Montpellier.

į    1er avril 1629 : vote de 300 livres pour les Dames Religieuses.

į    7 mars 1638 : le 1er consul est envoyŽ ˆ Montauban o il ira saluer le sieur de SoulŽ ; il le suppliera dÕexpliquer si par les arrts communiquŽs, le Roi entend que les Dames Religieuses et les Prtres de la ville soient dŽchargŽs des impositions de la taille levŽe sur leurs biens ruraux pour lÕimposition des gens de guerre. (Le sieur de  SoulŽ est Premier PrŽsident ˆ Toulouse)  

į    24 aožt 1638 : les Dames Religieuses proposent de dŽlaisser la mŽtairie de lÕadvocat dont le sieur Jansion ne veut point se charger si on ne le tient pas quitte des tailles pendant quelques annŽes.

į    18 septembre 1639 : on poursuit lÕinstance contre les Religieuses qui ne veulent pas payer la taille des biens quÕelles possdent dans la juridiction.

į    2 juin 1639 : les Religieuses sont dŽchargŽes de toutes tailles imposŽes sur leurs biens mais les Consuls nÕacceptent pas cette dŽcision quÕils poursuivent en cassation.

į    16 septembre 1639 : on poursuit lÕinstance contre les Religieuses qui ne veulent pas payer la taille des biens quÕelles possdent dans la juridiction.

į    5 fŽvrier 1640 : les Consuls sont autorisŽs ˆ vendre aux Religieuses la partie du b‰timent o les bouchers Žcorchent leurs bestiaux avec la rue au passage qui servira ˆ cl™turer leur couvent. La somme en provenant sera employŽe ˆ lÕachat dÕune grange affectŽe au mme usage et dÕune maison pour loger le fermier du Port Bas.

į    10 juin 1646 : les Religieuses de la ville demandent quÕon leur donne le bout de la rue joignant leur enclos. Son altesse, le Prince de Conti, Žcrit de leur accorder en tant que la ville nÕen sera pas incommodŽe.

į    15 mars 1649 : dŽmolition des ruines vers la Ca•re et rŽparation du couvent des murailles qui restent jusquՈ la Porte de Verdun. On fait fermer le trou de la muraille du c™tŽ de la Garonne, ˆ lÕendroit du couvent des Religieuses.

į    21 mai 1651 : les Dames Religieuses prŽtendent tre exemptŽes du paiement des deniers municipaux. Le sieur Robert nÕen sera pas non plus dŽchargŽ.

į    18 mars 1657 : les Religieuses demandent lÕennoblissement de lÕenceinte de leur monastre dont elles veulent jouir noblement comme des autres propriŽtŽs, depuis leur Žtablissement en ville, ˆ condition cependant quÕelles contribueront aux changes ordinaires et extraordinaires pour leurs autres biens ruraux.

į    30 mars 1658 : rŽparation de la muraille qui est derrire le couvent des Religieuses ; il y a urgence car elle est tombŽe en entier.

į    13 janvier 1669 : suivant lÕarticle 20 du rglement tous les biens possŽdŽs par les ordres ecclŽsiastiques et par les couvents sauf les enceintes des Žglises doivent contribuer aux paiements des charges. Diverses plaintes des habitants montrent les dames religieuses possŽdant beaucoup de biens et ne payant pas leur part de tailles. On les y obligera par tous les moyens lŽgaux.

į    3 fŽvrier 1669 : Plaintes contre les religieuses qui possdent en ville un vaste enclos dont elles ne payent pas dÕimp™ts. Elles pourront faire valoir leur titre mais le rglement gŽnŽral donnŽ au Conseil leur sera appliquŽ.

į    9 fŽvrier 1681 : Arrt du Conseil d'ƒtat relatif ˆ la rŽpartition des dettes de la communautŽÉ Les crŽanciers, M. de Tournier, conseiller au Parlement, Dames Religieuses de Sainte Ursule, les sieurs Vidal et Romieu sont mis en demeure de faire remise dÕune partie de leur crŽance.

į    10 mars 1697 : lÕintendant prŽsente une demande au Roi, aux habitants de Grenade pour la prise dÕarmoiries. Les Ursulines prennent le blason suivant : "DÕazur ˆ une mer dÕargent et un vaisseau de gueules voguant dessus".

į    28 mars 1700 : on ferme les trous des murs qui touchent au couvent des Religieuses.

į    24 juin 1703 : un anonyme rend 100 livres qui appartiennent ˆ la communautŽ et que lÕon emploie aux rŽparations de lՎgout de la muraille du c™tŽ des Religieuses et de la Porte de Verdun.

į    27 mai 1714 : rŽparation ˆ faire ˆ la muraille et ˆ lÕaqueduc qui est ˆ la rue des Religieuses.

į    19 avril 1727 : arrt du conseil dՎtat : nomination des commissaires pour examiner la situation des communautŽs religieuses qui doivent toutes fournir une dŽclaration complte (autorisation - nombre de participant Š revenus - dŽpenseÉ et apprŽciation de lՎvque et de  lÕIntendant). Les 70 religieuses de Toulouse ont grand besoin de secours tandis que celles de Grenade ont fait une Žvaluation arbitraire : elles sont sans dette et ˆ lÕaise.

į    Vers 1750, lÕarchevque de Toulouse fait remarquer ˆ propos de Grenade : "Elles ont dans leur maison des filles de nouveaux convertis, dont plusieurs ont ŽtŽ envoyŽes par le Roi" (voir additif, Mlle Raspide)

į    30 mai 1770 : ordre de fermer toutes les brches de lÕenclos des Religieuses.

į    24 novembre 1781 : A la suite de la demande de bŽatification dÕAngle MŽrici de nombreuses enqutes sont faites pour prŽciser son r™le dans la fondation de lÕordre des Ursulines. ClŽment XIII accorde la cŽlŽbration dÕune fte en son honneur, le 10 juillet. Plusieurs monastres composent prires, hymnes et cantiques, pour cet office. La mre Anne Sauvaige de Sainte Madeleine dÕAuch Žcrit "si vous tes de notre congrŽgation sans doute demanderez vous lÕoffice de la bien heureuse Angle É" Auparavant Grenade pour une raison toute pratique avait dŽjˆ lancŽ un appel "Nous sommes ˆ la veille de changer de brŽviaire. Je ne sais si ce nouvel office pourra vous servir". "Des monastres, asiles sacrŽs rŽservŽs ˆ la louange de Dieu, les Rois ont fait des ge™les, des prisons mme, pour filles insoumises, pour femmes coquettes et dŽpensires". En voici un exemple : Jeanne Marie de Rieu, Žpouse en 1710 un conseiller au Parlement de Toulouse Ma”tre Doujat. En 1711, un fils, Franois Joseph, na”t de cette union. La coquetterie et le gožt du luxe de Madame Doujat entra”nent des difficultŽs financires et une sŽparation entre les Žpoux. En mai 1725 un contrat sous seing privŽ est conclu entre eux. Le conseiller paye les dettes de sa femme : 2000 livres, lui fait une pension de 300 livres et garde son fils. LÕannŽe suivante il se plaint de la conduite scandaleuse de sa femme et sollicite du Roi une lettre de cachet. Le conseiller "qui ne veut pas tre cruel mais tranquille" propose le couvent de Villefranche de Rouergue. La supŽrieure des Ursulines est une sĻur a”nŽe de son Žpouse et elle adoucit beaucoup sa rŽclusion. Mais Madame Doujat sÕen Žvade en septembre  1729 et vient frapper ˆ la porte de son mari. Ce dernier refuse de la recevoir. Une deuxime lettre de cachet lÕadresse au Monastre de Saint Gaudens mais lՎvque de Comminges est peu sžr des tourires de cette communautŽ des Filles de Notre Dame. troisime lettre de cachet et en fŽvrier 1730 Madame Doujat est placŽe chez les Ursulines de Grenade o elle entre le 30 mai lՉme aigu‘ et rŽvoltŽe contre une claustration que le dŽvouement et lÕaffection fraternel nÕadouciront plus.  Elle se convertit pourtant avant de mourir ˆ Toulouse le 7 dŽcembre 1738 aprs avoir chargŽ sa lŽgataire de remettre 2000 livres et quelques prŽsents ˆ Catherine Moumeja, sa  camŽriste, et son accompagnatrice, dans ses diffŽrentes retraites.

į    22 novembre 1789 : En prŽvision de la suppression des Maisons religieuses dont les biens sont dŽclarŽs nationaux, la communautŽ demande le maintien des Ursulines qui "montrent ˆ lire, ˆ Žcrire, ˆ travailler, ˆ instruire de leur religion les jeunes filles de la ville". Ces dames, dont les revenus sont modiques, partagent le reste de leur temps entre la prire et le travail. "Elles sont prŽcieuses pour lÕutilitŽ et lÕinstruction de la jeunesse, elles sont encore recommandables par la puretŽ de leurs mĻurs car on nÕa jamais pu leur adresser aucun de ces reproches quÕont mŽritŽs quelquefois les autres ministres des autels."

į    26 fŽvrier 1790 : DŽclaration des Religieuses de Sainte Ursule. Voir le chapitre suivant.

į    3 mars 1790 : DŽclaration des Religieuses de Sainte Ursule dont le revenu sՎlve ˆ 5000 livres environ.

į    31 mai 1791 : On demande au CurŽ une oraison de 40 heures afin dÕapaiser la colre de Dieu justement irritŽ, et faire cesser les pluies qui compromettent les rŽcoltes. Les Dames Religieuse, les PŽnitents Blancs et Noirs continueront les prires aprs celles de lՎglise.

į    22 septembre 1791 : Sur lÕinvitation du Maire et du procureur, sĻur Ambroise, supŽrieure du Couvent des Religieuse, rŽunit le personnel dans une salle et toutes les Dames rŽpondent quÕelles ne peuvent ni ne doivent point prter le serment prescrit quelque respect quÕelles aient pour les dŽcrets de lÕAssemblŽe Nationale ; 4 sĻurs malades, retenues ˆ lÕinfirmerie font la mme rŽponse.

į    16 mars 1792 : La Prieure du Couvent des Religieuses annonce le dŽcs dÕune de ses sĻurs.

į    27 avril 1792 : Le procureur de la commune invite la supŽrieure du couvent ˆ se conformer ˆ la loi du 13 mai 1791 dŽfendant "les rassemblements dans les lieux privŽs sous prŽtexte de cŽlŽbration des offices divins" tolŽrŽs par elle dans lՎtablissement. La prieure qui en ignore lÕexistence demande quÕon la lui fasse conna”tre "et la communautŽ sÕy soumettra". Elle espre quÕon lui rendra justice ainsi quՈ ses compagnes qui nÕont pas dŽmŽritŽ. Le conseil les autorise ˆ continuer leurs fonctions jusquՈ plus ample information.

į    30 mai 1792 : Le ministre des Contributions autorise la descente des cloches, reconnues inutiles, des maisons religieuses, ŽglisesÉ Toutes celles de Grenade sont dŽclarŽes indispensables.

į    23 aožt 1792 : Ordre de descendre la cloche du couvent des Ursulines.

į    14 septembre 1792 : Nomination des commissaires chargŽs de dresser lÕinventaire des effets des Religieuses.

į    11 octobre 1792 : Recherche des objets volŽs dans le Couvent des Religieuses.

į    1er avril 1793 : Certificat de rŽsidence ˆ 4 sĻurs converses et ˆ 9 ci-devant religieuses du couvent de Sainte Ursule de Grenade.

į    13 novembre 1793 (23 Brumaire)  : Par ordre dÕHugueny, Rieupeyroux cadet est arrtŽ comme trs suspect ; on lÕa vu entrer dans la maison des Religieuses de Grenade.

į    16 mars 1794  : La citoyenne Catherine Ponsan, ci-devant religieuse prte le  Serment civique.

į    23-25-29 mars 1794 : Idem Marguerite Nadal, Brigitte Audral, Marguerite Lataste, Marie Borgeon, Maure et Marie Canitrot, ci-devant Religieuses du couvent de Sainte Ursule.

į    4 octobre 1794 (23 VendŽmiaire An II)  : Transformation du couvent des Ursulines en H™pital Militaire. Le citoyen PŽrignon surveillera les travaux.

5.2   Inventaire du 26 fŽvrier 1790

Tableau des Instructions demandŽes par le comitŽ ecclŽsiastique de nosseigneurs de lÕAssemblŽe Nationale en vertu du dŽcret du 13 novembre 1789 et lettres Patentes du Roy du 18 du mme mois contenant  dŽclaration dŽtaillŽe de tous les biens mobiliers et  immobiliers dŽpendants du monastre des Religieuses de Sainte Ursule.

5.2.1    DŽclaration des biens

5.2.1.1     Contenance de lՎglise Sainte Ursule

Avec le monastre, cimetire, pigeonnier et jardin dans la ville rue des Noyers, 1 arpent, 2 casaux, 4 places, 10 escats ; une petite maison et cour pour lÕaum™nier de lÕautre c™tŽ de rue, 12 escats ; terre et vigne au CettŽs, 1 arpent, 2 casaux, 2 places, 6 escats, une mŽtairie dite de Bordeneuve avec Žtable, four, patus, sol, jardin, terres, bois, pastencs, pieds, vignes et bousigues ; de paires de labourage, les bĻufs au bordier, paroisse de Saint SŽverin ; contenance du local de la mŽtairie, 3 places ; jardin, 1 place, terres 63 arpents, 3 places ; pieds, 3 arpents, 3 casaux, bousigues, 8 arpents, 3 casaux ; pastencs, 2 casaux, 2 places ; vigne au profit du bordier, 1 casal, 4 places ; bois taillis, 12 arpents, 1 casal, 3 places.

5.2.1.2     MŽtairie dite de  Cornac

Avec un pigeonnier, four, patus, sol, jardin, terres, vignes, pieds, pastencs, bois et bousigues ; de deux paires de bĻufs au bordier ; contenance du local de la mŽtairie, 4 places ; jardin, 1 place ; terres, 68 arpents, 3 places ; bousigues, 9 arpents, 3 casaux, 1 place ; pieds, 4 arpents, 2 casaux, 1 place ; pastencs, 3 casaux, 2 places ; vignes mauvaises, 8 arpents, 2 casaux ; bois taillis, 14 arpents, 1 casal.

5.2.1.3     MŽtairie dite dÕEmbŽcade

Avec Žtables, four, patus, sol, jardin, terres, pieds, pastencs et bousigues de deux paires, les bĻufs au bordier ; contenance du local de la mŽtairie 3 places ; jardin, 2 places ; terres labourables, 53 arpents, 1 casal, 4 places, bousigues, 2 arpents, 2 casaux, pieds, 6 arpents, 2 casaux, pastencs, 5 arpents, 1 casal.

5.2.1.4     MŽtairie dite du Perrou

Avec Žtables, four, patus, sol, jardin, terres, bois, pastencs, pieds, vignes et bousigues de deux paires, les bĻufs au bordier ; contenance du local de la mŽtairie, 3 places, jardin, 1 place, terres labourables, 61 arpents, 1 casal, 3 places, bousigues, 3 arpents ; 3 casaux, 4 places, pastencs, 1 arpent, 3 places ; pieds, 3 arpents, 3 casaux, 4 places. Vignes, 10 arpents, 1 casal, 1 place ; bois taillis, 4 arpents, 2 casaux, 2 places ; 5 pices de mauvais pieds, dans Launac, Žlection de Lomagne, 1 arpent, 3 casaux ; 5 lopins de terre dans Saint Paul, Election de Lomagne, 5 arpents, 1 casal ; vigne, 1 casal, 2 places ; terres dans Merville, 8 arpents, 3 casaux ; prs dans Ondes, 3 casaux, 4 places.

5.2.1.5     MŽtairie dans Saint Rustice

Avec les biens en dŽpendant dans Sainte Rustice et Castelnaud, dÕune paire ; affermŽe quitte dÕimpositions ˆ Jean Peyranne pour 620 livres ; contenance du local, 3 places.

5.2.1.6     MŽtairie dite la Vitarelle :

Avec Žtables, four, patus, sol, jardin, terres, bousigues, pastencs, bois dans Mondonville, dÕune paire et demy, bĻufs au bordier ; contenance du local de la mŽtairie, 2 places. Jardin, 1 place ; terres labourables, 19 arpents, 1 casal ; bousigues, 1 arpent ; pastencs, 2 arpents. Bois taillis, 4 arpents 2 places ; terres et pieds dans Aussonne dŽpendants de la mŽtairie de la Vitarelle, 27 arpents, 1 casal, 1 place ; pieds, 3 casaux.

5.2.2    Estimation des Revenus Annuels

Biens, jardins du monastre estimŽs 80 livres, terre, vigne du Cetts, 70 livres. Observation. LՎglise, monastre, maison, pigeonnier et murs ont besoin de beaucoup de rŽparations. Bordeneuve, sans bois ; lin, volaille, Ļufs, cochon et laine, 630 livres. Observation : le terrain est situŽ dans lÕextrŽmitŽ de la juridiction ; terrain ingrat. Cornac, sans vin ; lin, bois, fruits dÕarbres, volailles, Ļufs, cochons et laine, 740 livres. Observation : les b‰timents ont besoin de rŽparations, le four de reconstruire, les pigeonniers sont dŽpeuplŽs : EmbŽcade, sans fruits dÕarbre ; lin, volaille, Ļufs, cochons, laine, 1090 livres. Observation : A besoin de rŽparer, sujette aux inondations de la Save portant un grand dommage. Perrou, sans lin, vin, fruits dÕarbres, bois, volailles, Ļufs, cochons, laine, 700 livres. Observation : A besoin de rŽparer, le fond est ingrat. Pieds ˆ Launac, ˆ lÕusage des bordiers. Observation : Foin rŽcoltŽ par les Bordiers de Cornac et Bordeneuve, 5 arpents, pieds jouis dans Saint Paul, par le bordier dÕEmbŽcade, produit compris dans le prix de la mŽtairie. Observation : le revenu de lÕarpent de vigne est portŽ dans celui des autres vignes. Terres dans Merville affermŽes, 93 livres. Terres dans Saint Paul affermŽes 76 livres 10 s. Trois casaux pieds dans Ondes. Observation : Pour le service des bordiers lorsquÕils portent les denrŽes au couvent. MŽtairie de Sainte Rustice, 620 livres. Observation : a besoin de rŽparations, un mur croule. MŽtairie de Vitarelle, sans lin, volaille, laine et bois, 560 livres. Observation : a besoin de beaucoup de rŽparations, le terrain est ingrat. Le vin qui se recueille : 660 livres, fruits des arbres, 80 livres. Rente en volailles et Ļufs, 280. Observation : se consomment dans le couvent. Les troupeaux ˆ laine sont de 40 ttes avec le bŽlier dans chaque mŽtairie, ˆ Grenade et ˆ Mondonville, tenus ˆ Gazaille par les bordiers. Les agneaux produisent pour les Religieuses 490 livres. Le lin, 120 livres. Observation : sÕemploie ˆ lÕusage de la maison. Le bois gros et menu, 1100. Observation : sÕemploie ˆ lÕusage de la maison. Rente sur lՎtat du Roy rŽduite ˆ 22 livres 13 s. Observation : cette rente est mal payŽe.

5.2.3    ƒtat des Charges

Imposition de 1788 : 1453 livres 12s. ; celles de 1789 seront plus fortes ; dŽcimŽs 132  livres 155 ; rente en argent aux religieuses de la Capelette pour leur terre de Merville, 6 livres, 11 sols, 6 deniers ; intŽrts de 24,079 l. que les Religieuses doivent ˆ diffŽrents particuliers 1,158 l. 19.s. Honoraire de lÕaum™nier avec lÕentretien de lՎglise, 800 l. ; rŽparations du monastre et des mŽtairies, annŽe commune, 400 l. ; gages du rŽgisseur, 120 livres ; gages du boulanger du couvent, 80 livres ; gages du jardinier, 80 livres. Total des charges, 4979 livres 17 sols 6 deniers.

5.2.4    Mobilier

Dans lՎglise 2 autels et retables en bois dorŽ, 2 calices, 2 ciboires, 1 ostensoir, 1 crŽmire, burettes avec plateau dÕargent, 12 flambeaux de fonte, 18 chasubles, 3 pluviaux, 2 dalmatiques, 2 Žcharpes et le linge nŽcessaire au service des autels, le tout usŽ, avec 18 aubes. A la sacristie, une fontaine dՎtain et une autre de cuivre au rŽfectoire ; dans lÕenceinte du couvent il y a une chapelle avec une statue de la vierge en bois dorŽ et 5 tableaux, cadres dorŽs avec quelques ornements. Les cellules qui sont habitŽes par quarante et une individu du monastre contenant un prie-dieu, une couche, une petite table, une armoire et deux chaises ; 3 chambres pour lÕinfirmerie o habitent les malades contenant huit lits avec couche et coussin honntement meublŽe, avec 12 couverts dÕargent pour lÕusage des malades seulement. Dans le quartier o lÕon reoit les jeunes filles et pensionnaires, il y a 8 chambres contenant 22 lits avec les meubles, bancs et tables nŽcessaires ˆ cette partie. Dans lÕenceinte dudit couvent, il y a des bancs et chaises nŽcessaires, un moulin ˆ passer la farine et un autre moulin  ˆ  purger le bled, un grand crible, une huche, un pŽtrin, 150 toiles sacs ; la batterie de cuisine est des plus simples, 2 chaudires, 2 seaux, et 2 chaudrons, le tout en cuivre ; 120 paires de draps de lit et 60 douzaines de serviettes avec 2 nappes pour chaque douzaine, environ 4 quintaux dՎtain commun pour assiettes, Žcuelles et plats pour lÕusage ordinaire du couvent, et 8 lampes de laiton. Quant ˆ la bibliothque, il nÕy a que lÕexplication de lÕAncien et du Nouveau Testament, les Ļuvres du RP Grenade et autres livres de piŽtŽ. Le chai contient 3 cuves, 2 cuviers, 40 comportes et 65 barriques avec des chantiers de bois, un grand et petit entonnoir. Dans la petite maison du chapelain, il y a 2 lits garnis bien simplement et 2 couches pour les domestiques. CertifiŽ vŽritable ˆ Grenade, ce 26 fŽvrier 1790 ; signŽ Marguerite BergŽ, prieure.

5.2.5    Additif

DŽclaration de Mademoiselle Raspide, pour sa pension lÕan 1790 et le 1er jour de mars, par devant nous Jean Pierre Marie Belan, maire de Grenade, dans notre habitation, est comparu demoiselle Franoise Raspide, fille du feu Pierre Raspide, Žcuyer et de dŽfunte dame Brun, laquelle pour se conformer aux dŽcrets de lÕAssemblŽe Nationale, nous a dŽclarŽ que par ordre du Roi du 30 octobre 1750, elle a ŽtŽ envoyŽe dans le couvent des dames Religieuses de Sainte Ursule de Grenade pour y tre instruite des vŽritŽs de la religion catholique, dans lequel couvent elle a toujours rŽsidŽ depuis le 25 novembre de lÕannŽe 1750 ; lors duquel ordre il fut accordŽ par sa majestŽ une pension annuelle de 150 livres sur les Žconomats, que cette pension lui a ŽtŽ exactement payŽe jusquÕau dernier dŽcembre 1780 ; ˆ laquelle Žpoque et ˆ commencer du 1er janvier 1781, ladite pension a ŽtŽ augmentŽe de 50 livres et a ŽtŽ portŽe ˆ 200, suivant une lettre de M. de Marville ˆ Monseigneur lÕArchevque de Toulouse, en date du 17 avril 1782 ; laquelle pension de 200 livres a ŽtŽ payŽe depuis jusquՈ lՎchŽance du 1er janvier 1789. Et ladite pension de 200 livres est due ˆ ladite demoiselle comparante pour lÕannŽe dernire Žchue le 1er janvier dernier. De laquelle dŽclaration, ladite demoiselle Raspide nous requiert de prendre acte, pour tre par nous envoyŽ ˆ lÕAssemblŽe Nationale. SignŽe avec nous ; Franoise Raspide, Belan Marie.

6      Le devenir de l'Ancien couvent

į    19 octobre 1794 : ArrtŽ du district ordonnant de mettre promptement en Žtat le ci-devant couvent des Religieuses o seront reus les soldats malades ou blessŽs. La communautŽ des Ursulines a ŽtŽ supprimŽe et les Religieuses dispersŽes et renvoyŽes.

į    30 octobre 1794 : 5 maons de Verdun, occupŽs aux travaux de lÕh™pital militaire, abandonnent le chantier sous prŽtexte quÕils ne peuvent vivre avec le prix de la journŽe quÕon leur donne. 3 manĻuvres de Grenade quittent pour la mme cause. AppelŽs devant le conseil ces sans-culottes ne donnent aucune raison justifiant leur dŽsertion et ils sont condamnŽs ˆ 24h de prison. Les maons de Verdun sont signalŽs ˆ  leur municipalitŽ qui les invitera ˆ venir reprendre le travail.

į    25 dŽcembre 1794 : Les dŽpenses des travaux de lÕh™pital militaire sՎlvent  ˆ 4773 livres 4 sols 6 deniers et la recette ˆ 10 000 livres. LÕexcŽdant, 5226 livres 15 sols 6 deniers, sera versŽ entre les mains du citoyen Rieupeyroux, cadet, trŽsorier.

į    16 mai 1795 : Les travaux de lÕhospice militaire sont suspendus. On refait une partie de la toiture. Le citoyen Picard, chef des travaux, en remettra les clefs ˆ la maison commune.

į    Avril 1814 : Le duc de Wellington, poursuivant les troupes du marŽchal Soult fait jeter un ponton sur la Garonne pour la traverser, prs de Grenade. Une crue emporte ce pont improvisŽ, obligeant Wellington ˆ rŽsider plusieurs jours ˆ Grenade avec ses troupes. Il Žtablit son logement dans lÕancien couvent des Ursulines.

 

Les documents actuellement connus sont insuffisants pour Žtablir de faon prŽcise le devenir de lÕancien couvent des Ursulines.

 

į    Au XIXme sicle, sans doute ˆ son dŽbut, ce b‰timent initialement transformŽ en h™pital militaire a ŽtŽ rachetŽ par un Monsieur Lataste au moins pour les 2 b‰timents principaux c™tŽ Sud. M. Lataste  fait partie dÕune famille de Grenade dont plusieurs membres sont citŽs dans les archives communales (dont un "gŽnŽral" au moment de la RŽvolution). Il sÕintŽressait aux "antiquitŽs" et serait peut-tre un des donateurs de pierres sculptŽes figurant au musŽe des Augustins, ˆ Toulouse.

į    Un chapiteau a ŽtŽ retrouvŽ dans les annŽes 1760 dans le jardin de lÕancien couvent avec un dessus dÕautel en marbre rose. Deux autres chapiteaux avaient ŽtŽ implantŽs de part et dÕautre du grand portail. Enfin les colonnes de la cours dÕentrŽe, mises en place en messidor de lÕan XII, comme en tŽmoigne lÕinscription gravŽe sur lÕun des socles, viendraient de lÕabbaye de Grandselve. Ces colonnes ont ŽtŽ enlevŽes dans les annŽes 1930, achetŽes par un antiquaire et seraient parties ˆ destination de Toulouse, sur un char ˆ bancs (dÕaprs les dires des vieux habitants de Grenade).

į    La mŽsentente entre les 2 fils, hŽritiers de M. Lataste, impose le partage de lÕhŽritage. Un mur mitoyen en galets de Garonne (toujours prŽsent) est mis en place coupant la propriŽtŽ dans lÕaxe Ouest-Est en passant par le milieu du Grand Portail.

į    Par la suite, au Nord, le terrain est morcelŽ et plusieurs maisons individuelles utilisent les communs fortement remaniŽs. La partie de ces b‰timents situŽe le plus au Nord, sera transformŽe en tricoterie qui Žtait encore en activitŽ ˆ la fin des annŽes 1940. Elle sera profondŽment transformŽe, surŽlevŽe puis vendue ou louŽe par appartements.

į    Le b‰timent situŽ le plus au Sud reprendra une activitŽ dՎcole libre dans le premier tiers du XXe sicle mais avec dÕautres religieuses que les Ursulines.

į    Ce b‰timent sera dŽtruit en 1939-1940. Seule persiste une vaste cave vožtŽe. Les matŽriaux serviront ˆ reconstruire sur place une habitation particulire.

į    Le second b‰timent situŽ au Sud et le porche central vont eux aussi subir de profondes modifications.

į    Sans doute dans les dernires annŽes du XIXme sicle ou les premires annŽes du XXme.

į    La faade du b‰timent (comme celle de lÕancienne tricoterie sont abattues et remplacŽes par une nouvelle faade ou arceaux, au 1er Žtage, faite dÕun appariement de briques rouges (provenant des matŽriaux de dŽmolition) et de briques jaunes. Cette faade est solidarisŽe aux murs de refend  par de fortes barres mŽtalliques. Cette faade est surŽlevŽe par rapport ˆ la prŽcŽdente c™tŽ cours intŽrieure.

į    LÕancien promenoir ou clo”tre voit ses vožtes rŽduites de moitiŽ dans le sens Ouest Est et trs remaniŽes dans le sens Nord Sud. Le puits et arasŽ. Une vaste cage dÕescalier est crŽe aux dŽpens du promenoir et de la deuxime salle. Les fentres des faades intŽrieures voient leurs dimensions rŽduites. On fait dispara”tre les corniches des vožtes (dont le dessein sera retrouvŽ dans lՎpaisseur des murs) puis le tout sera crŽpi et maonnŽ faisant dispara”tre lÕarchitecture primitive et banalisant lÕensemble. Les pices intŽrieures sont recomposŽes pour transformer les b‰timents en maison dÕhabitation.

 

Ainsi remaniŽ, lÕancien couvent dans sa partie restante, dÕorigine, va Žchoir ˆ diffŽrents propriŽtaires et locataires.

į    La famille Lataste vend lÕimmeuble le 29 mars 1900 ˆ Monsieur Jean Alphonse Farges, gŽnŽral de Brigade en retraite et ˆ sa femme Madame Elisabeth Gros.

į    Leurs deux filles Mme Farges et Chapelain nŽes Dusan vont en recueillir la propriŽtŽ.

į    Madame Delpey acquiert ce b‰timent en fŽvrier 1924 mais uniquement la nue-propriŽtŽ de Madame Louise Vilemie Jeanne Dusan Žpouse de M. Marie Franois Eugne Farges lieutenant Colonel en retraite et de Mme Marguerite Bertrande Dusan Žpouse de M. Marie Xavier Auguste George Chaplain gŽnŽral de Brigade du cadre de RŽserve. LÕusufruit qui doit revenir a ŽtŽ acquis par M. Paul Flik lieutenant colonel en Retraite et par Mm Marie Sophie Pinar son Žpouse.

į    A ce propos la petite fille du colonel Flik a publiŽ un livre o elle fait allusion ˆ lÕancien couvent (le pain polka- Annette Vaillant), dans un chapitre intitulŽ : Odeur de lavande. "Ma grand-mre maternelle avait accumulŽ tant de meubles, plus souvent laids que beaux, tant de services de table, dÕobjets dÕart style Barbedienne, de porcelaines japonaises et dÕargenterie sans Žpoque, dans la dernire garnison du colonel, quÕil lui fallut trouver une trs grande maison pour y abriter, le jour de la retraite venue, tout son dŽlirant bric ˆ brac. CÕest dans une petite ville ingrate, prs de Toulouse que les moyens modestes du colonel leur permirent dÕacquŽrir une sorte de palais italien dŽnuŽ de plomberie mais dŽmesurŽ. DŽsormais sans ordonnances ma grand-mre prŽfŽrait tailler ses rosiers et recevoir des visites plut™t que dՎpousseter ses trŽsors. Le colonel lui, faisait de la peinture. GŽologue, il avait ŽtŽ chargŽ dՎtablir une carte du sous-sol tunisien dont tŽmoignaient une quantitŽ de fossiles ŽtiquetŽs et logŽs avec un vrai souci de musŽographie dans lÕorangerie dŽsaffectŽe au milieu de laquelle tr™nait sur 8 mtres de long la carcasse entire dÕun diplodocus dŽcouvert en Afrique du Nord. Au retour de Loctudy  nous all‰mes passer une dizaine de jours chez bonne-maman. Le voyage paraissait interminable avant dÕatteindre cette curieuse maison ˆ courants dÕair, plus familiale pour les souris que pour nous-mmes. Pourtant Bonne Maman Žtait gentille avec ses mines ravies de mondaine dŽmodŽe et le colonel avait fire allure, haute taille, des yeux myosotis, une barbiche blanche ˆ lÕimpŽriale. Il appelait Maman "Madame". Il interrompait son courrier, la correspondance suivie quÕil entretenait avec un ancien camarade de la Flche, jamais revu depuis plus de 50 ans, et il nous expliquait ses minŽraux et ses fragments de coquillages. Il nous offrait des dents de requins, devenus comme des crocs de marbre, puis il nous infligeait au salon, avec commentaires, ses albums de cartes postales. Le linge dÕun autre ‰ge se piquait dans les armoires moisies. Au mur du trop haut escalier sՎtalait une panoplie touareg ; les mites se gavaient de tapis dÕOrient et des anciennes robes de Bonne-maman qui ne jetait ni ne donnait jamais rien. Cependant lÕhiver Maman recevait dans des bo”tes ˆ chaussures en carton les dernires roses et les premires violettes du jardin. Elles arrivaient toutes fanŽes. MariŽs depuis bien des annŽes, le colonel et bonne-maman Žtaient de vieux amants  trs heureux."

į    Le colonel Flik est dŽcŽdŽ le 27 fŽvrier 1943 ˆ Bordeaux et sa femme ˆ Grenade le 8 aožt 1938. Madame Delpey vend lÕimmeuble en juillet 1943 ˆ Madame HŽlne Marie Henriette AndrŽe Baya, veuve de M. Henri Auguste Paul Pedelmas, militaire.

į    Monsieur LŽon Claude Louis RŽgnier, Inspecteur Central des Contributions directes et Madame Fernande Augusta Victoria Pierrette Bec, professeur de musique au Collge Moderne de jeunes filles de Toulouse en font lÕacquisition le 29 juin 1948.

7      Le Couvent des Capucins

AutorisŽ par Henri IV, le 20. 10. 1603, ils purent sՎtablir ˆ Grenade malgrŽ les oppositions de lÕabbŽ de Grandselve et les arrts du parlement de Toulouse. Ils obtinrent de quelques particuliers et de la commune tout le quartier donnant sur la Garonne du c™tŽ de Toulouse, y compris le chemin de ronde et la moitiŽ dÕune rue dans toute sa longueur. Les consuls les ont engagŽs ˆ fonder un couvent prŽvoyant le fruit spirituel que retueront les habitants des prires et prŽdications des Capucins soit pendant la vie soit ˆ lÕheure de la morts. (Les capucins sont une branche de lÕordre des franciscains fondŽe au XVIe sicle pour restaurer la rgle franciscaine dans toutes sa rigueur et sa simplicitŽ primitive. JusquՈ 1619 ce nouvel ordre se heurta ˆ lÕopposition des franciscains de lÕObservance et resta sous leur juridiction. LÕaustŽritŽ, la pauvretŽ, lÕardeur apostolique de ces nouveaux moines avec leur long capuce, leur barbe et leurs sandales leur attirrent lÕestime et la confiance du peuple. Leur r™le fut trs important dans la rŽforme catholique. En 1975, ils Žtaient 14000 rŽpartis en 60 provinces.

 

A Grenade, les capucins sont dans une pauvretŽ persistante. Ils vivent de dons, en particulier de la communautŽ, et sont dans une grande nŽcessitŽ. Plus de 30 ans avant la RŽvolution, leur nombre Žtait rŽduit ˆ 3. Aux environs de Grenade existaient 5 ˆ 6 grosses fermes ou granges reprŽsentant (dÕaprs la chronique de M. Magy) autant de couvents de Capucins. Les femmes allaient de prŽfŽrence ˆ leurs chapelles qui dans la suite prirent le nom dÕoratoires.